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Critique de Christian_Attard


« Trahison » le mot domine, emplit l'ensemble de cette saga familiale.


Trahison des harkis envers le peuple d'Algérie selon ses libérateurs, trahison envers les harkis par la France qu'ils ont servie et qui, pourtant, les a si mal accueillis.


Mais alors que défilent les 600 pages de « L'Art de perdre », on se rend compte que jamais l'auteur ne cherche à comprendre les fondements même de cette double trahison.
Pourquoi des algériens firent le choix d'aller se battre en Europe durant la seconde Guerre mondiale ? Furent-ils enrôlés de force, cherchèrent-ils un statut, une solde ? Crurent-ils, en toute bonne foi, immuable la présence déjà centenaire de la France sur leur sol ? Voulurent-ils participer en toute conscience à la lutte contre le nazisme ?
On ne le saura pas.
Pourquoi les supplétifs de Tunisie et du Maroc, pays également sous domination française ne rencontrèrent pas les mêmes problèmes ?
Pourquoi la France enferma-t-elle dans des camps, ceux qui l'avaient servie ?

Tout le reste n'est que littérature.

Je ne dis pas que celle-ci soit inintéressante… Quoique souvent elle aurait mérité, selon moi, plus de concision mais les raisons qui sous-tendent ce drame me semblent éludées au profit de la mise en avant de représentation de la violence ou de la discrimination qui, au fond, ne sont pas strictement inhérentes à ce conflit.

En de multiples épisodes, l'histoire vécue par Ali et sa famille pourrait être celle de ma famille, d'origine maltaise et qui fit le choix de la France en Tunisie. Trahison de la France comme de la Tunisie, menaces sur les personnes et les biens, spoliation et vols, mauvais accueil en France, logements exigus en barre d'HLM sordides, discrimination …
Ma famille aussi eut l'art de perdre sans être d'origine algérienne et comme celle d'Ali, il aura fallu trois générations pour qu'elle surmonte cette double trahison, sans la même violence physique abjecte mais avec la même cruauté morale.

Un roman marquant et qui soulève une multitude de questionnements sur ceux que l'histoire, la politique et la religion ne cesseront jamais de sacrifier à on ne sait quelles chimères étatiques.
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