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Critique de nilebeh


Caca, vomi sanguinolent, masturbation sous la douche, grossièretés et obscénités : au bout de dix pages je commence à avoir une certaine envie de fermer le livre.
C'eût été (comme ne dirait pas Oscar) une erreur. Car rien n'est gratuit, on n'est pas dans du San Antonio mais dans la vie aussi piteuse que ce début, vie d'un Mexicain, Indio, descendant des Aztèques peut-être, chicano, gros lard mal embouché, hypersensible et vulnérable qui se retrouve du « bon » côté du Rio Grande par la grâce de ses parents, Mexicains immigrés aux États – Unis avant sa naissance en 1935.

Que peut devenir ce gamin qui ne joue avec personne, semble obsédé par la pitchounette zigounette qui occupe son caleçon, se voit moqué par les Okies (Blancs pauvres, du nom des habitants de l'Oklahoma pauvres venus en Californie), par les filles blondes aux appâts charnus et inaccessibles ? Comme prévu, il « tourne mal » comme on disait autrefois dans les bonnes familles françaises. Alcool, drogues en tous genre, road moovie sur les routes de l'Ouest américain, il est toujours du mauvais côté : l'East de L.A., face aux Okies, aux vrais Américains bien blancs et plus riches que lui, face aux Hell's Angels, aux hippies embrumés et pleins d'amour, c'est toujours un « contre » quelque chose ou quelqu'un. Il finit tout de même par devenir attorney (avocat) et met son talent au service des pauvres, trop démunis pour le payer. Nous sommes sous Lyndon Johnson qui octroie quand même un revenu à ces avocats dévoués. Mais il finit par n'en plus pouvoir d'entendre conter toute la misère du monde.

Et il bouge, d'El Paso, Texas (où il est né et reviendra un jour, pour voir) à Riverbank, le village de son adolescence, puis Alpine, San Francisco, un peu partout dans l'ouest – sud des Etats-Unis, jusqu'à son village mexicain d'origine où on lui reprochera de ne pas parler l'espagnol. « Apprends la langue de ton père » lui glisse-t-on un jour, ce n'est ni l'américain, ni l'espagnol. Oscar est un indio, un Samoan, dit-il et on sent finalement que sa quête l'amènera par-là. Mais quand ? Car il a disparu en 1974, sans laisser de trace. Victime de la drogue dont il a usé et abusé (on parle de mescaline, de peyotl, d'amphétamines , de cocaïne : que n'a-t-il pas essayé?) ? de l'alcool (grand buveur de bière Budweiser, de whisky, de vin) ? de règlement de compte avec la mafia, les dealers qu'il a tellement fréquentés ? Ou bien lors d'une participation à des révolutions en Amérique centrale puisqu'il parle du Panama, du Guatemala, lui a déjà « fait » la Corée et la guerre contre le Japon ?

Le mystère demeure. Il pourrait être encore en vie, il aurait 79 ans, serait devenu clean et revendiquerait ses droits d'auteur à son éditeur et aux traducteurs !

Ce récit auto autobiographique a l'intérêt de restituer les années 50 – 70 aux USA, avec ses ados préoccupés de foot américain et de sexualité interdite par le puritanisme ambiant, ses marginaux sympatiquement déjantés ou carrément lamentables voire redoutables,  l' « american way of life » vu par un chicano à qui on pouvait tout promettre sans préciser que la lutte serait rude.
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