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Critique de Tiephaine


Assez bizarrement, ce livre de Jean Ziegler m'a paru incroyablement moins pertinent que ses ouvrages précédents.
J'apprécie beaucoup cet auteur pour son engagement constant en faveur des populations les plus démunies et sa lutte contre l'économie inhumaine de marché, aussi c'est un petit déchirement que de me voir affirmer que cette "Haine de l'Occident" n'est finalement qu'un ouvrage de Don Quichotte.

Car là est bien le problème: Jean Ziegler semble se tromper de cible à longueur de temps.

La culture occidentale pose des problèmes mondiaux: modes de consommation, comportement vis-à-vis des pays non-alignés,politiques économiques délétères. Certes.

Pourquoi Jean Ziegler, en ce cas, ne semble voir que les effets négatifs, et jamais les effets positifs de l'influence occidentale?
Pourquoi Jean Ziegler semble ne pas voir que la corruption et les dérives qu'il dénonce sont tout autant le fait des compagnies transcontinentales que des Gouvernements qui pactisent avec elles de leur propre chef?

A le lire, les peuples d'Afrique et d'Amérique du Sud seraient parfaitement innocents et candides, incapables de percevoir les conséquences des décisions que prennent leurs dirigeants, incapables de prendre en main leur avenir, incapables de résister à une domination économique occidentale.

Si l'Amérique du Sud a effectivement été sous la coupe américaine via la CIA et ses agents, et si l'Afrique a effectivement été sous la domination européenne, tant sur le plan politique qu'économique, Jean Ziegler oublie de préciser que c'est de moins en moins le cas dans un monde multipolaire. Il ne semble pas voir les exemples cubains, vénézuéliens, sud africains, libyens, soudanais, qui tous démontrent que lorsqu'un Gouvernement désire réellement s'opposer à la politique occidentale, il le fait.

Jean Ziegler accuse l'Occident de corruption, mais oublie de voir que cette corruption nécessite deux acteurs, le corrupteur et le corrompu.
Il accuse l'Occident de cautionner les répressions voire les massacres de populations dès lors que ses intérêts économiques sont préservés, en oubliant de mentionner le fait que les premiers à se prévaloir des règles de non-ingérence sont justement ceux qui répriment et qui massacrent sous prétexte de préserver les intérêts politiques et économiques occidentaux.

Si les pays occidentaux ont indéniablement une responsabilité dans la situation mondiale actuelle, et sont susceptibles de critiques parfaitement fondées, justifier la Haine de l'Occident comme cet ouvrage le justifie, c'est faire le jeu des transcontinentales et des oppresseurs contre lesquels Jean Ziegler se bat depuis maintenant quatre décennies.
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