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Critique de BazaR


J'ai eu un mal fou à arriver à la fin de ce bouquin.

Commençons par un bref résumé. Nous sommes sur Ténébreuse, une planète conquise par des humains qui s'y sont écrasés par accident, une planète dont les Vents de Folie brouillent l'esprit et la libido et ont donné à certains hommes des dons extraordinaires tels que la voyance ou le contrôle des orages, une planète où les hommes oublient d'où ils sont venus et reconstruisent une civilisation originale loin de l'Univers Terrien.
A l'époque de cette histoire, cent royaumes jaloux et conquérants s'allient, se déchirent et se font la guerre comme les nations européennes l'ont presque toujours fait. Les armes du Laran, une magie aussi puissante et destructrice que la technologie du 20eme siècle, fait des ravages chez les soldats et les civils. le royaume le plus puissant, les Hastur, essaie d'imposer un Pacte équivalent à un traité de non-prolifération d'armes nucléaires bien dans le ton de l'époque où l'auteur écrit ce roman. On suit l'aventure de Bard, du Royaume Asturien, bâtard proche de la famille régnante et général en chef des armées. La fille du Roi lui est promise, le fils du Roi est son ami, mais il gâche tout par son impatience, tente de violer sa promise, agresse son ami. Il est exilé et va errer en tant que mercenaire avant de revenir, des années plus tard, diriger les armées de son père.

Dit comme ça, ça a l'air sympathique, innocent. En fait l'action, les batailles, les stratégies sont d'un intérêt mineur et ne sont guère développés. Ce qui intéresse l'auteur c'est avant tout nous décrire la personnalité de Bard, cet être proprement ignoble, rustre, jaloux, primaire, violeur. Il attire les femmes dans son lit par un charme magique et les bats si au réveil elles font mine de protester. Il rêve de se jeter sur toutes les femmes qu'il croise, s'estime irrésistible. Violer est normal pour lui ; la femme l'a évidemment bien cherché. Lorsque son comportement lui vaut l'exil, il rabâche sans cesse sa haine des femmes qui l'ont repoussé, ne rêve que de se venger d'elles, de les humilier. Il a des comportements proprement bipolaires, passant le temps de deux phrases de la colère meurtrière (« j'aurais dû tuer Geremy quand j'en ai eu l'occasion ») au regret d'une grande amitié (« j'aurais préféré avoir Geremy pour frère et ami »). Cela on pourrait le comprendre sur une planète qui par ses Vents ne pousse pas à la sérénité : nombreux sont les personnages affublés de comportements changeants, fragiles.

C'est suivre cet homme abject qui m'a été si difficile, malgré son comportement presque noble envers les animaux et les prisonniers, malgré son envie de voir les armes du Laran disparaître au profit de combats plus nobles au corps à corps, malgré l'introduction d'un ressort dramatique étrange : l'apparition du double absolu et potentiellement rival implacable de Bard amené sur Ténébreuse par magie afin de l'aider à conquérir les Royaumes.

C'est le quatrième livre de Ténébreuse que je lis. C'est suffisant pour saisir le féminisme indéniable qui émane de cette oeuvre. le sort des femmes dans cette société patriarcale archaïque est très difficile, mais certaines le brave fièrement. Les portraits des hommes sont rarement à leur avantage. Bard est en quelque sorte le summum de l'horreur dans le genre.
Je ne peux en dire plus sur son sort final sans dévoiler trop l'histoire. Disons que je suis heureux d'avoir lu une telle fin même si elle peut paraître manichéenne voire WaltDisney-enne.
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