De brèves aurores
parsèment le jour
et parfois le jour entier
reste clos sur sa nuit
Il n’est pas toujours donné de naître
Se dissoudre
n’avoir plus de corps
plus de parole
cueillir le grand silence
s’enrouler dans la nuit
du temps, l’eau
La mer s’est retirée
laissant un sable d’où s’écoule
un azur primordial
Ma voix a suivi le chemin de halage
qui sous la mer rejoint la mer
Pourquoi dans le sillage le regard
n’aurait-il perdu l’eau de ses eaux
Je sais pourtant qu’entre les mailles du jour
l’horizon garde les portes du regard
Il faudrait pouvoir franchir
la tête en filigrane
De soi que les morceaux épars d’autres mondes
parfois une branche inscrit l’espace
tel un hiéroglyphe
l’œil alors se souvient qu’il est le livre des sables
et des eaux
J’ai tant voyagé par les siècles
qui jamais ne firent terre,
tant arpenté les couleurs, les langues,
les savoirs
et je n’ai vu nulle origine, nulle vérité,
hormis le chemin qui se fraie un regard
à mesure qu’il s’efface
Si je ne suffis à ma propre absence
la nuit sera abîme
le jour insupportable béance
La question : suspens à la rencontre du temps
sans perte
Connaître
qu’il n’est point de lieu ni de lumière
hors la nuit
que ton regard habite
La lumière efface le temps divisé
et sa crête la plus aiguë
vibre dans le cercle immobile
où je suis vent sauvage
roche marine
œil solaire