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Critique de Cathy74


L'oeuvre de Zola a été tant de fois analysée, tant de belles critiques ou d'avis assassins édités sur la saga des Rougon-Macquart et notamment sur le volume, "Au bonheur des dames", que je souhaite simplement, concernant ce livre, partager quelques souvenirs.

Jusque dans les années 60-70, les grands magasins parisiens, tels le Printemps ou Les Galeries Lafayette, ont gardé toute leur magie, même si leur magnificence architecturale avait, en partie, déjà disparue. On ne parlait pas alors de "grandes surfaces" ou de "galeries commerciales", mais bien de grands magasins, c'est-à-dire de commerces de centre-ville, plutôt luxueux, proposant sur plusieurs niveaux un très large choix d'articles, aguichant le chaland par ses vitrines, ses animations et ses terrasses d'où admirer Paris en un clin d'oeil, cette ville "qui a su transformer l'acte d'achat en une expérience sensorielle".
Les grands magasins, pratiquant le libre accès à l'opposé des boutiques, étaient un lieu de vie, de rencontres, de promenades ; intérieures quand le temps était maussade, extérieures le dimanche et quand il faisait beau : on allait voir les vitrines et s'amuser au spectacle des camelots. Parfois on achetait, des bricoles, les grands magasins n'étaient pas exclusivement positionnés sur le très haut de gamme. le Paris haussmannien des années 60 était très proche encore de celui décrit, et avec quel talent, par Zola. le réalisme remarquable de son écriture adossé à un lyrisme flamboyant ressuscitent également les conditions de vie, la lutte sourde entre la bourgeoisie, l'ouvrier, l'employé, leurs intérêts contraires. Un monde est en gestation et un autre sombre ; la boutique de Bourras qui tombe, c'est la fin du Paris du Moyen-Age.

Les personnages sont eux aussi finement analysés. Octave Mouret, c'est le visionnaire, le capitaine d'industrie, l'homme d'action, de talent et d'argent. Denise Baudu est le trait d'union entre le Vieux et le Nouveau Paris. Acquise dès le départ aux idées de développement, elle est déterminée, forte et influente, sous son aspect frêle. Ces deux personnages se ressemblent, ils évoluent psychologiquement l'un et l'autre, s'influencent mutuellement et se rejoignent, c'est un couple en création. A ce titre, il est intéressant d'avoir lu précédemment Pot-Bouille ; les deux volumes forment un diptyque. Et il est à noter que l'hérédité, qui accable les Rougon-Macquart, est ici peu présente, les personnages sont de ce fait plus libres, plus responsables de leurs actions.

Quel est le Zola de notre époque ? Lire celui-ci aujourd'hui peut nous aider peut-être à comprendre la nôtre.





Lien : http://sabf.fr/hist/arti/sab..
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