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Critique de Apoapo


Dans un quartier paupérisé du Berlin du début du XXIe siècle, Maurice est nominalement écrivain public, effectivement inactif. Son oisiveté morose, doublée de multiples frustrations et d'un sentiment de déclin inexorable, est périodiquement meublée par le son - incongru dans ce cadre - des gammes d'un violoncelle puis d'un piano.
Alors qu'une recherche velléitaire et molle du musicien notamment dans les cafés et autres lieux tristes des environs, et parfois une rêverie sur l'identité de celui ou de celle-ci, constituent les seuls éléments d'action du récit, le personnage se livre alternativement à une narration de ses errances mentales parfois inspirées par les entrées d'un dictionnaire, sous forme d'extraits de lettres adressées au vieil ami Hamid, laissant sinon le narrateur décrire à la troisième personne ces mêmes vagabondages de son esprit, ses flâneries à vélo, ses quelques voyages low cost, y compris les retours dans sa campagne natale. Maurice a une bien-aimée dont nous ne savons rien, une mère profondément antipathique dont la dégénérescence et le décès ne nous affecteront pas plus que lui ; Hamid meurt enfin aussi ; et dans les dernières pages, le mystère musical se dissipe.
Ce roman pourrait être un flux de conscience (monologue intérieur) s'il était écrit entièrement à la première personne. Par le matériau disparate et fragmentaire qui le compose, dont le seul collant n'est qu'une profonde désespérance, mais avec toute la retenue et la pudeur qui empêchent le lecteur de s'apitoyer sur cet être "cabossé par la vie", l'on est plongé avec un réalisme extrême dans une représentation vive du psychisme du personnage, qui est au demeurant un représentant assez typique de ces individus dotés d'une solide formation mais incapables de s'adonner à une activité lucrative et donc désocialisés, que connaît notre temps.
Un très beau texte pourrait être anthologisé sous le titre de "Fièvre de l'argent" - pp. 137-139.
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