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Critique de Lindenbroock


C‘est un ouvrage étonnant que l'on peut découvrir dans certaines librairies sur les tables des rayons romans. Pourtant, il ne s'agit pas là d'un récit de fiction. J'en veux pour preuve les 39 pages de notes qui clôturent le livre. Ecrit à la troisième personne, il raconte par le détail la disparition d'un bimoteur C-47 de l'armée américaine et la survie de son équipage dans les montagnes de Nouvelle-Guinée néerlandaise en mai 45. Sur les mers et les îles alentours, la guerre du pacifique sud fait rage.

L'histoire en elle-même est passionnante, digne des meilleurs récits d'aventure. Hollandia, capitale de la Nouvelle-Guinée occidentale, est une base arrière de l'armée américaine. Afin de tromper l'ennui et le mal du pays, le colonel Prossen organise, avec l'aval de sa hiérarchie, des vols d'agrément au-dessus de la forêt vierge et des hautes montagnes qui occupent le centre de l'île. Tour à tour, des soldats et des WACs (Women's Army Corps) participent à ces expéditions riches en surprises. C'est l'occasion pour eux d'oublier durant quelques heures la déprimante réalité de la guerre pour s'emplir les yeux et la tête de paysages merveilleux. Peu d'hommes blancs ont parcouru ne serait-ce que du regard, ces cols inaccessibles, ces pics vertigineux et ces vallées verdoyantes inexplorées où semblent s'épanouir des sociétés indigènes méconnues. Mais le 13 mai, le Gremlin Special disparait des écrans radars. Silence radio. L'avion du colonel Prossen s'est abimé en pleine forêt vierge. Que sont devenus les 24 membres d'équipages ? C'est tout le sujet du livre.

La lecture de ce récit m'a tout de suite fait penser à un autre récit de guerre que j'ai découvert il y a près d'une vingtaine d'année et intitulé, je crois, Nom de code BAT21. Il y était question du sauvetage d'un pilote américain tombé derrière les lignes ennemies durant la guerre du Viêt-Nam. Mais ici la nuance est de taille puisque l'ennemi n'est pas militaire. L'adversaire, c'est une nature sauvage et incontrôlable où la faune et la flore peuvent tendre des pièges mortels. de surcroit, les rescapés doivent affronter un terrain très accidenté. Leur formation de soldat ne les a pas préparés à surmonter ces obstacles. Que dire enfin des indigènes dont la réputation, mélange d'a priori et de considérations pseudo-ethnographiques, n'invite pas à rechercher la compagnie.

de son côté, l'armée n'est pas disposée à abandonner ses hommes et, comme on s'y attend, elle va mettre un point d'honneur à les retrouver et les rapatrier. Toutes les solutions même les plus folles seront envisagées. Je reste d'ailleurs très étonné qu'Hollywood ne se soit pas encore emparé de cette histoire. Reste que, dès lors, tout est mis en oeuvre pour parvenir au résultat escompté et le récit couvre alternativement le point de vue des sauveteurs et des survivants du crash.

J'ai pris du plaisir à découvrir ce livre dont le titre fait allusion à un lieu imaginaire, oeuvre de l'écrivain James Hilton, devenu mythique. Il y est question de paix, de tranquillité et de paysages fantastiques. Dans une moindre mesure, c'est un peu ce qui ressort de notre épopée. Bien sûr, les miraculés de cet accident auront leur lot d'épreuve et de souffrance mais dans le même temps, leur vie passée est comme mise entre parenthèse. Il n'y a plus de guerre, plus d'ennemi, de stratégie, plus de destruction mais juste le souci de boire, manger, s'abriter de la pluie et tenter de communiquer, voire de fraterniser avec des tribus locales. Une leçon de vie en quelque sorte.

Mais la comparaison entre les deux oeuvres s'arrête là. Rien d'exceptionnel dans l'écriture que l'on peut d'ailleurs qualifier d'appliquée. le style est assez quelconque. Tout est orienté vers la restitution des faits, ce qui rend parfois certains chapitres laborieux à déchiffrer. On est dans le fait divers. L'apport systématique de précisions, techniques notamment, nuit parfois à la fluidité du récit. le rythme s'en ressent. Heureuse initiative : quelques photos ici et là servent la lecture et facilitent la compréhension de la situation. Ces clichés sont issus pour la plupart des archives personnelles des protagonistes ou de l'armée. Certes, là aussi, elles brident un peu notre imagination mais elles ont le mérite de nous éviter quelques explications superflues. Au final, la construction s'apparente plus à un travail journalistique, ce qui reste cohérent avec la profession de l'auteur.

Pas un souvenir de lecture impérissable mais la découverte d'un épisode étonnant de la seconde guerre mondiale.
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