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Critique de jcjc352


Souvenirs et rencontresStefan Zweig

Le Stefan Zweig biographe d'artistes est un tantinet verbeux et grandiloquent: un verbiage élitiste, une pédanterie flagorneuse pour ses pairs, nuls termes assez beaux pour sublimer les idoles sur leur Olympe Gotha, Empyrée (On a mis des majuscules)«toujours plus haut» aurait pu dire François de Closet, auquel il appartient comme il se doit et devant tant de grâces on se sent si «misérable ver de terre» que lever les yeux vers ces êtres de lumière infinie en est très pénible (surtout la lecture)!

Cet aspect frotte-manche chez Zweig est très déplaisant - lorsqu'on aime on ne compte pas dit-on- oui mais là c'est écoeurant a tel point que mis à part l'enfilade de perles verbales louangeuses on n'apprend pas grand-chose sur l'artiste lui-même sauf ses habitudes domestiques (la couleur des charentaises).
Louanges, les même, qui d'ailleurs s'appliquent indifféremment à tout les élus ( on appréciera l'étendu de son vocabulaire louangeur) et interprétations psychologiques à quatre sous, l'air frais de Vienne invite à l'introspection des autres !

La grâce, nous dit-il, ne touche que quelques uns et de l'autre coté «des millions de médiocres»(sic) dont je fais partie [ toi aussi lecteur] et donc on se retrouve un peu « gros Jean comme devant» lorsqu'un Zweig nous le rappelle. N'est-il point «bouffi de suffisance» cet aristo?

Il note le travail acharné, malgré la grâce, pour accéder à la perfection sauf que pour Rilke par exemple, lorsqu'il se tait, «son silence nous ravit» et donc, même quand ils ne font rien, les artistes ravissent. Merveilleux ! C'est très freudien. La grâce c'est quelque chose par contre pour les médiocres sortis de cuisine de Jupiter...oui il m'a agacé !

Toutefois il ne traite pas conformément tout le monde D'un coté les grands mêmes très grands, les «ceux qui sont en dessous » et La Femme torturée par les sentiments
En effet pour les maîtres c'est louanges sur louanges avec parfois un petit aparté sur l'épouse invisibilisée (comme on dit aujourd'hui) qui se sacrifie pour le grand homme et assure l'ordinaire
Pour les autres, la caste en dessous, Sainte Beuve par exemple qui a tout d'un artiste mais malheureusement n'accède pas au cénacle la critique négative est plus facile et Zweig ne s'en prive pas: Sainte Beuve serait un grand critique bavassier qui extorque des informations de ses interlocuteurs pour Renan qu'il ne sait pas trop comment prendre c'est neutralité louanges très distantes et conventionnelles
Pour La Femme, la seule, la poétesse Marceline Desbordes-Valmoreune Zweig livre analyse misérabiliste assez longue qui met l'accent surtout sur ses malheurs : enfance malheureuse, amours malheureuses, décès incessants Zweig, cancanier(et dire qu'il critique Saint Beuve), les cite tous, il n'en rate pas un : sa mère, ses quatre enfants, son frère et ses nombreuses amies
et là nous il apprend que c'est la douleur et les tourments incessants qui ont forgé l'art sublime de la poétesse. Point de grâce divine, point de travail acharné, mais des tourments diaboliques (ah les femmes ont de la chance tout leur est donné)
Pour les biographies de deux à trois pages par contre Zweig est excellent il est factuel, ne bave pas trop et va à l'essentiel On se demande donc pourquoi il se perd dans des circonvolutions cérébrales sirupeuses alors que la concision lui va à merveille

Certes c'est une lecture sociale (comme pour «le monde d'hier») car c'est l'aspect qui nous a interpellé et irrité et qui prend le pas sur le reste et donc « Sa Virtuosité » pour ses nouvelles n'excuse pas son arrogance et sa propension à magnifier indûment sans nuances les copains

il nous est pénible de voir un homme intelligent se fourvoyer autant dans le mépris de tout ce qui n'est pas de sa classe
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