Pour terminer ma petite péroraison, j'avais trouvé une citation de Ionesco qui justifiait en quelque sorte l'insoupçonnable légèreté qu'il m'est arrivé de me reprocher : " Si l'on ne comprend pas l'utilité de l'inutile, l'inutilité de l'utile, on ne comprend pas l'art. Et un pays où l'on ne comprend pas l'art est un pays d'esclaves ou de robots, un pays de gens malheureux, de gens qui ne rient ni ne sourient; un pays sans esprit; là où il n'y as l'humour et le rire il y a la colère et la haine ." (p. 423)
La lecture ! Cette lecture dont je me suis plu à répéter au fil du temps qu'elle est non seulement, selon le mot de Jean Guéhenno, "un outil de liberté", mais aussi la source de cet esprit critique sans lequel il n'est pas de citoyenneté véritable (...) De cette époque date sans doute le principe directeur de mon activité dans l'édition : faire en sorte que plus grand nombre d'ouvrages de mes auteurs de prédilection (...) restent toujours disponibles pour le plus large public possible. (p. 45)
Comme l'a dit un jour Umberto Eco, l'auteur du célèbre roman - Le Nom de la rose- : "Si Dieu existe, ce serait une bibliothèque" . De cette église-là je crois avoir été un bon croyant. (p; 33)
Au-delà du divertissement, la lecture est aussi un facteur d'émancipation. Du plus loin qu'il m'en souvienne, les librairies ont été pour moi une seconde école. (p. 46)
(...) la lecture de ce texte intitulé - Lettres à un jeune partisan [ Jean Paulhan ]- va me causer ce que j'aime appeler un choc "zen", une sorte d'illumination au sens taoïste du terme.
Si fort que soit l'amour de la littérature, on ne rencontre pas dix fois, dans une vie de lecteur, de textes dont on se dit, après coup, qu'ils vous ont changé la vie. Ce fut le cas avec ce texte. (p. 85)
Paulhan me démontrait avec un humour qui m'avait conquis qu'il n'était pas indispensable de me forcer à choisir entre socialisme, communisme ou existentialisme. Ne pas faire de choix, c'était aussi une "situation " (p. 87)