"Passé le col du Lautaret , les montagnes coiffées de neige ouvraient une perspective sur la vallée de Briançon .De part et d'autre de la nationale se dégageait une impression d'espace, de mouvement incessant dans le moutonnement des pâturages animés par le vent des cimes, le jeu d'une marmotte ou la course d'un torrent..Un bouquet de gentianes jaunes, une touffe de chardons bleus ponctuaient de leurs notes colorées le vert des alpages .......
Lise [13 ans, épileptique] savait qu'elle était plus fragile que les autres enfants de son âge. Elle refusait cependant que quiconque s'apitoie sur son sort. Elle avait la pitié en horreur, elle trouvait ça dégoûtant et insultant. (...)
Eviter les contrariétés, disaient les médecins.
Cette fichue maladie [l'épilepsie] avait ses avantages, mais il y avait une contrepartie, et de taille. Elle devait avaler une dizaine de cachets par jour, accepter de ne pas aller dans les parcs d'attractions, dans les boums, de ne jamais se retrouver face à des lumières stroboscopiques. Elle devait régulièrement subir les désagréments d'un état de fatigue extrême qui l'obligeait à rester couchée des jours entiers sans avoir la force de lever un bras, ce qui perturbait grandement sa vie scolaire. Elle devait supporter les atroces douleurs infligées par les aiguilles des perfusions.
Ce que l’on ignore, c’est que la liberté a un prix, la solitude.
De cette période « Peace and love », elle avait conservé une remarquable ouverture d’esprit. Elle aimait son prochain, faisait fi des tabous et des préjugés et montrait un profond respect pour l’environnement dont elle avait mesuré la fragilité alors que le mot « écologie » n’était pas encore inscrit dans le dictionnaire. Aujourd’hui, il lui semblait idiot de prôner la voiture hybride dont les batteries polluent la planète et tout aussi imbécile de s’adonner au vélo dans des salles de sport alors que ce moyen de locomotion lui avait permis de maintenir son corps en bonne santé et d’effectuer de magnifiques promenades.
Dès son plus jeune âge, Agnès avait appris les codes à respecter en société. Dans la très chic banlieue de l’ouest lyonnais où elle avait grandi, avocats, médecins et industriels se fondaient dans le même moule et affichaient toutes les apparences du bonheur que leur réussite professionnelle laissait supposer
On ne s’apprécie guère toutes les deux mais on fait bonne figure parce que nos maris travaillent ensemble.
Napoléon était très populaire dans la région. Il fut reçu comme un souverain à Gap et à Corps, où il dormit. Quand j’avais ton âge, Papa me racontait que « l’Usurpateur », comme il l’appelle, se fichait pas mal du sort de la France. Les Cent-Jours n’avaient qu’un but : récupérer la cassette impériale, un fabuleux trésor caché au palais des Tuileries. Mais tu connais Papy, plus royaliste que lui, ça n’existe pas, il accommode donc la vérité historique à sa sauce.