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Critique de Bougnadour


Même s'il n'a pas obtenu le Goncourt, le Mage du Kremlin est un indéniable succès difficile à expliquer. Il est vrai qui valait mieux lire ce livre avant le 24 février, depuis tous les média se sont penchés sur la psyché de V.Poutine et nous ont abreuvé d'analyses plus ou moins pertinentes qui nous laissent à croire que l'on sait tout sur lui.
Giuliano da Empoli a imaginé un conseiller occulte qui serait l'âme damnée de Poutine et un magicien de la politique russe. le dénommé Victor Baranov est le descendant d'un grand père plus ou moins aristo et opposé au régime soviétique et d'un père qui à l'inverse en fut un serviteur zélé.
Pour da Empoli, Baranov est le russe des années quatre-vingt-dix : libre, apolitique, cultivé et convaincu par la démocratie. Mais voyant sa chérie le planter pour un nouveau riche (Khodorkovski tant qu'à faire), Baranov va décider d'abandonner la poésie pour faire de l'argent dans les médias ce qui le mettra en relation avec Poutine et lui fera oublier ses idéaux.
Le lecteur pourrait aller directement au chapitre 8 et à la rencontre avec Berezovski, les pages précédentes servant à construire le personnage de Baranov à coup de clichés et à lui faire vivre une improbable histoire d'amour avec une femme idéalisée et tellement métaphorique de la Russie que s'en est gênant.

Arrive la rencontre avec Poutine par le truchement de B.Berezovski qui a décider de faire de cet obscur agent du FSB le futur président de la Russie. Baratov sera son homme des médias avec une idée simple : Poutine c'est l'ordre et le rétablissement de l'honneur russe bafoué par l'occident avec l'aide involontaire de ce poivrot de Eltsine.

S'en suivent des rencontres nocturnes avec Poutine au long de la brillante carrière du personnage où le mage s'avère être plus un auditeur et un exécutant qu'un guide. Les relations des évènements qui jalonnent cette collaboration sont dignes de Wikipédia et n'éclairent en rien la personnalité du Tsar Poutine dont on sait depuis le début qu'il est dur comme l'acier et qu'on ne lui impose rien même si l'on est un mage.
Le comble est que le bandeau de l'éditeur nous promet de connaitre les hommes de Poutine, or le roman décrit Poutine comme un homme seul hormis son conseiller Baranov et son secrétaire Sechine. A lire da Empoli il n'y a personne autour de Poutine, pas d'état, pas d'administration, seules les ombres de fonctionnaires glissant dans les couloirs du Kremlin.
Pas de chance on aurait aimé comprendre l'état poutinien, qui l'aide à tenir le pays, quels rouages bloquent la société et la contestation. Certes le mage du Kremlin est un roman, les historiens nous expliqueront tout cela un jour mais le roman est souvent un bon vecteur pour expliquer la complexité du monde encore faut-il que l'auteur le puisse.
En refermant le livre le lecteur n'aura pas le sentiment de s'être approché d'une vérité, d'avoir ressenti une atmosphère, c'est pourtant ce qu'on attend de la littérature.
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