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Critique de 5Arabella


Paru pour la première fois en 1949 en Italie puis en 1956 pour la traduction, ce livre semble connaître un regain d'intérêt, aussi bien en Italie qu'en France, avec cette nouvelle parution chez Gallimard l'an dernier.

Une jeune femme, Alessandra, rédige le récit de sa vie, nous n'apprendrons qu'à la toute fin de roman dans quelles circonstances dramatiques elle le fait. Elle nous raconte d'abord son enfance, marquée par la relation très forte, presque fusionnelle, avec sa mère. Une mère qui ne s'épanouit pas dans sa relation conjugale, elle ne semble pas avoir grand-chose en commun avec son mari. Elle a renoncé à une carrière de pianiste, et s'épuise à donner des leçons de piano, pour soutenir les finances familiales, tout en gérant le quotidien. Mais un jour, dans une famille où elle intervient, elle fait la rencontre d'un homme, dont elle tombe amoureuse. Elle ne pourra vivre cet amour, et sera détruite. Alessandra, après un séjour à la campagne, dans la famille paternelle, lui proposant un autre possible, va tenter de reprendre ses études, et va faire la rencontre d'un professeur de philosophie anti-fasciste, qu'elle va épouser. Ils traverseront ensemble la fin de la deuxième guerre, mais malgré tout l'amour qu'Alessandra éprouve pour Francesco, elle ne trouvera pas son compte dans cette relation.

L'auteure, dans une préface écrite postérieurement, insiste sur l'importance de l'amour pour les femmes, elle précise que son livre s'oppose à l'idée que l'amour est une illusion. Pourtant, c'est le sentiment que me laisse le roman. L'homme qu'aime Alessandra, qui est un homme avec énormément de qualités et d'ouverture d'esprit, ne comprend tout simplement pas ce qu'elle attend de lui et finalement n'accorde aucune importance à ses attentes. Elle devrait se plier à ce que lui attend d'elle, et qui lui paraît tout à fait légitime. L'auteure met parfaitement en évidence la condition subalterne que la société assigne aux femmes, et cela d'une manière insidieuse. Francesco ne considère jamais Alessandra comme une véritable personne, avec qui il pourrait partager sa vie, dans un vrai échange, elle doit se contenter d'une place très secondaire, chacun vivant dans une sphère bien spécifique, avec des frontières bien délimitées. Alessandra, avec son extrême sensibilité ne peut le supporter. Ce qui rend les choses compliquées, c'est l'impossibilité de dire les choses, son ressenti n'existe tout simplement pas pour les autres. Tout le monde considère qu'elle devrait être satisfaite de son sort, que ce à quoi elle aspire est incompréhensible.

C'est un beau livre, très sensible et touchant. Tous les personnages sont très bien caractérisés, il y a la descriptions de différents lieux, ambiances, sensations. C'est très romanesque, avec beaucoup d'événements, de rencontres, un tableau de l'Italie dans la deuxième guerre mondiale. le récit n'a rien de prévisible ni de simpliste, il est très bien mené. C'est une auteure qui mérite incontestablement d'être mieux connue et que je suis heureuse d'avoir découvert à l'occasion de cette réédition que est très bienvenue.
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