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4.31/5 (sur 43 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Loris Chavanette est un historien qui a publié chez Folio Classique une anthologie consacrée à l'une des plus célèbres batailles de l'Histoire, Waterloo. Il est aussi l'auteur de Quatre-vingt-quinze. La terreur en procès.

Source : www.3bouquins.com/histoires-du-monde/4/
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Loris Chavanette vous présente son ouvrage "Danton et Robespierre : le choc de la Révolution" aux éditions Passés composés. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2545722/loris-chavanette-danton-et-robespierre-le-choc-de-la-revolution Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
A compter de 1789, la parole publique devient un moteur de l'histoire, comme une réminiscence de l'oralité antique.
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Sur la Révolution, ne faut-il pas garder le souvenir d'une époque où des hommes et des femmes, prenant leur destin en main, ont décidé de bâtir quelque chose à leur image et qui paraissait, dans le même temps, au-dessus d'eux-mêmes ? Avec une telle ambition humaine, trop humaine, il est impossible de ne pas se diviser, s'animer de colère.
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L'élection a fait Robespierre, l'insurrection fera Danton.
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« Dans cette ruche humaine où les vapeurs de tabamel
et de jasmin embaumaient l'air d'une fumée opaque, il y
avait une reine.
« Sous un auvent d'intérieur, allongée sur un sofa
en lattes dans une absolue oisiveté, la Mauresque
était d'une beauté exceptionnelle. Son bras, couvert de bracelets qui s'y enroulaient comme des aspics, reposait
derrière sa tête sur un coussin en velours, tandis qu'elle
caressait de l'autre main une tortue minuscule qu'elle
retenait prisonnière.
« À ses pieds, un homme d'âge mûr se prosternait
devant sa beauté prodigieuse et essayait de lui arracher
un regard. De temps en temps, quand la Mauresque
trempait ses lèvres dans une tasse de thé, il suivait d'un
oeil avide la bouche entrouverte et vermeille de la femme
qui gardait son air d'indifférence absolue. Si la plupart
des clients de ces maisons consommaient les prostituées
avec une vulgarité assumée, celui-là avait dû tomber
amoureux jusqu'à la folie de l'une d'elles, au point de
vouloir être seul à la posséder. Ses yeux dévoraient la
femme, qui se pavanait dans des gestes lents sans prêter
aucune attention à ses démonstrations d'amour. Il tenta
une approche en posant sa main sur une des babouches
de la fille qui n'eut qu'à poser ses yeux de chat sur lui
pour qu'il retire sa main. Mais il sembla encouragé par
ce regard farouche. Il sortit de sa veste un bijou qu'il lui
tendit en inclinant la tête. Elle parut intéressée par ce
petit trésor et ses sourcils fins, dessinés en arêtes, s'animèrent.
Le présent était un magnifique diadème en
argent surmonté d'une frise en ivoire. Elle le prit, ôta le
foulard qui couvrait sa chevelure et déposa le diadème
sur sa tête sans un sourire. Le client baisa la main qu'elle
lui tendait, s'extasiant à l'idée que le bijou qu'il avait
touché ornait maintenant cette tête qu'il adorait.
« La tenancière, qui n'avait rien manqué de la scène,
fit un léger signe à la Mauresque pour qu'elle se lève.
Ce qu'elle fit avec une lenteur insolente. L'orchestre
s'arrêta de jouer. Tandis que tous les regards la fixaient,
elle alla se placer sur un tapis brodé au milieu de la
pièce, ôta ses babouches et dégrafa la toge incarnate
qui lui couvrait les épaules et ne tenait plus que par une
ceinture en maille. La jeune fille dévoila sa taille de
guêpe, sa poitrine et le haut de son ventre jusqu'au
nombril. Son corps plus sombre que celui des autres
filles révélait ses origines sahariennes. Il était couvert de
colliers de perles, de pendentifs et de dizaines de piécettes
en argent qui scintillaient au gré des flammes.
Après un long silence, les musiciens se tournèrent
ensemble pour faire face au mur. Peut-être qu'ils ne
devaient pas la voir se dénuder. La jeune fille allait
danser."
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Danton et Robespierre, ce n'est pas l'histoire d'une amitié s'étant brisée sur le récif de la Révolution. C'est au contraire la Révolution elle-même qui a enfanté cette amitié ; elle n'en est donc pas réellement une, sinon au milieu du combat. Ils sont frères d'armes, et non pas frères d'âmes. Et la Révolution qui les a réunis peut, à n'importe quel moment, les désunir.
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Robespierre n’est clairement pas un coureur de jupons, et encore moins
un fiancé transi d’amour.
C’est bien une espèce de chasteté qui le caractérise le mieux. Les leçons et
méthodes des jésuites, encore pratiquées partiellement à Louis-le-Grand dans les années 1770, auraient-elles façonné ce corps d’austérité ? Dans cet univers hyper-catholique des collèges royaux, le corps, c’est le sale, l’affreux, le péché de la perversion. L’homme vertueux, lui, se tient à distance de la satisfaction de ces plaisirs charnels, physiques, coupables. La procréation seule impose le rapport sexuel, non le plaisir. Être chaste, c’est alors rester pur.
Là aussi Rousseau s’impose comme son maître à penser. Dans Les
Confessions, parues successivement en 1782 pour la première partie,
puis en 1789 pour la seconde, le philosophe genevois dit tout le mal qu’il
pense des débauchés qui s’adonnent aux plaisirs des sens, exécrant les
filles publiques et allant même jusqu’à comparer les ébats des hommes
aux accouplements des chiens. Cette concupiscence, s’emparant de la civilisation, digne de la bestialité la plus abjecte, ne lui inspire que du dédain
et même de l’« effroi ». Même prise de distance avec la luxure, dans La
Nouvelle Héloïse, ce best-seller du XVIIIe siècle.
Robespierre fait sienne cette critique de la perversion humaine par la
chair. Alors que le marquis de Sade compose sa vaste fresque sur les vices
afin de faire le procès des moeurs de l’Ancien Régime, les idéalistes tels que
Robespierre aspirent à une société régénérée où le rapport au corps serait
révolutionné entièrement. En un sens, il se considère comme un précurseur
et il s’applique d’abord à lui-même les codes de la purification avant d’exiger
des autres pareil attachement à la vertu, passant ainsi d’une exigence individuelle à une ambition collective. À son plus grand dam, Danton n’y verra qu’un sacerdoce de plus.
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Il n'est pas surprenant de constater qu'au lendemain d'agitations graves, du type d'une insurrection armée, un régime politique donne compétence à un tribunal d'exception pour juger les rebelles.
Ainsi, au lendemain des journées d'octobre 1789, l'Assemblée constituante adopta la loi martiale du 21 octobre qui prévoyait de donner compétences à la cour spéciale du Châtelet pour juger les crimes perpétrés dans le soulèvement populaire du mois d'octobre.
Dans le même esprit, les auteurs de la révolution du 10 août 1792 créèrent le Tribunal extraordinaire du 17 août pour juger les défenseurs du château des Tuileries qui avaient pris les armes contre le peuple insurgé.
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Difficile d'imaginer Danton à l'aise sur ce terrain ultra-moralisateur qui ignore tout le sensualisme dont son existence est imprégnée. Danton aurait d'ailleurs qualifié le corps de Robespierre, parlant de lui comme d'un eunuque. Le comédien Talma, ami de Danton, le dit ouvertement dans ses Mémoires : alors que Danton est en prison, quelqu'un lui demande ce qu'il adviendra de la République. Ce dernier aurait alors répondu : « Elle marcherait encore si je pouvais laisser mes jambes à Couthon et mes... à Robespierre. » On fait plus gracieux, il est vrai, mais au moins ça a le mérite d'être assez explicite.
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On peut conclure de tout cela que l'histoire de la République thermidorienne est traversée par une idée forte qui constitue l'âme de la Révolution de 1795. Cette idée est que la fin ne peut pas justifier tous les moyens. Les thermidoriens, dans leur passion antiterroriste, n'ont eu de cesse de chercher à prendre le contre-pied du gouvernement de la Terreur qui avait porté au pinacle l'idée que la victoire de la Révolution sur ses ennemis devait passer par l'emploi de tous les moyens de salut public exigés par les circonstances... Après la chute de Robespierre, qui mit fin à la Terreur, on ne pouvait faire l'économie de l'analyse des moyens car on comprit que la médication ne devait pas être pire que la maladie.

pp. 327 sq
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« Je méditais en silence, appuyée contre l'arbre,
quand soudain nous entendîmes un bruit. Quelqu'un
qui respirait fort, tout près de nous. Un homme assis de
l'autre côté de l'arbre reposait sa tête contre le tronc,
tournant le dos au paysage. C'était un mendiant. Un
bâton en bois et une cruche en terre, fissurée et pleine
d'eau, étaient posés près de lui. Le vieillard avait les
pieds salis par la marche et les cheveux pleins de poussière.
Son habit constitué de loques trouées dégageait une odeur d'étable. Il portait une barbe longue et très
blanche. Son visage exprimait quelque chose d'impassible
et d'ancien qui inspirait un grand respect. Sa vue
me fit tout de suite penser à Jean Baptiste, peut-être
parce qu'il reposait sous un caroubier et que le fruit de
cet arbre aurait été, paraît-il, la seule nourriture du saint
dans le désert.
« Quand nous nous approchâmes de lui, je vis dans
ses yeux l'expression du vide absolu. Le vieillard était
aveugle, ce qui augmentait l'impression de solitude que
son existence et tout son être renvoyaient.
« L'Algérien me dit à voix basse : “Donne-lui
l'aumône, il n'y a pas de peine plus grande que celle
d'être aveugle à Grenade.” Je donnai un peu de monnaie
au pauvre homme sans comprendre pourquoi Antar
m'avait parlé de Grenade. Alors il murmura, comme s'il
me livrait un secret, que si la qoubba de Lalla Setti et le
caroubier étaient sacrés, ce mendiant l'était encore plus.
« – On raconte, poursuivit-il, que cet homme, désespéré
par la mort de son fils, est monté il y a longtemps
sur ce plateau, en prenant le même chemin que le nôtre,
et qu'il a perdu la vue à force de regarder le soleil.
Depuis, il demeure ici à l'écart du monde, sous son
arbre, vivant de ce que les gens veulent bien lui donner.
« Antar serra contre lui le mendiant comme un frère.
(...)
Je dévisageai l'Algérien qui s'aperçut de mon
trouble. Il accepta de me parler un peu de lui.
« Nous étions là, avec pour seuls compagnons le mendiant,
le caroubier et le vent qui sifflait dans son feuillage
et agitait ses fleurs. En tombant, les pétales tapissaient la
terre d'un duvet rouge, tandis que les caroubes, suspendues
au-dessus de nos têtes comme des guirlandes, semblaient
se pencher pour mieux écouter le récit que le
Maure était sur le point de commencer."
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