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4.71/5 (sur 7 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Bucarest , le 06/09/1974
Biographie :

Emil Iulian SUDE est l’un des premiers poètes primés d’origine rom en Roumanie. Il travaille actuellement de nuit, en tant qu’agent de sécurité, tout en poursuivant ses études en romani et en roumain, à l’Université de Bucarest.
Sa poésie lui a valu dix-huit récompenses, dont notamment la première place au Concours international de création littéraire et de traduction Bronislawa Wajs, célébrant le centenaire des Roms (1919-2019), ainsi que la quatrième place au concours de manuscrits 2018 organisé par le Centre national de la culture rom Romano Kher en collaboration avec le gouvernement roumain.
Il a fait ses débuts littéraires avec le recueil de poésie Scărarul [Le Confectionneur d’échelles], Éd. Grinta, 2014, avec des références critiques de Nora Iuga.
En 2016, a été publié le recueil de poèmes Chiar nu [Vraiment pas], Éd. Eurostampa, avec des critiques d’Al. Cistelecan, Gabriel Nedelea, Nora Iuga, Ciprian Chirvasiu.
Ses poèmes ont été publiés dans l’anthologie Moștenirea Văcăreștilor [L’Héritage des Văcărești], (2013), ouvrage couronnant le concours éponyme, ainsi que dans des périodiques culturels prestigieux. Les critiques et références dans : Viaţa românească, Steaua, Contemporanul, Vatra, Mozaicul, participation au festival de littérature religieuse de Caraiman, organisé par le journal Ziarul Lumina.
En 2018, est paru le recueil de poésie Povești [Histoires], suite à sa participation au concours de manuscrits organisé par le Centre national de culture rom Romano Kehr. La même année lui est décerné le diplôme d’excellence pour sa « contribution remarquable au développement et à la promotion de la culture et de l’identité rom ».
Après Rapsodiile unui gelos [Les Rhapsodies d’un jaloux], éditions Rafet, 2022, son dernier recueil, paru en 2023, s’intitule Paznic de noapte [Veilleur de nuit].
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Source : éditeur
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Emil-Iulian Sude
mort si tu me cherches en ce moment
à menus pas de loup viens
laisse-moi du temps
pour être encore cet enfant heureux
d’avoir écrit une poésie
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Ils parlaient de moi comme si j’étais mort.

j’étais plus vivant que jamais. je me sentais bien.
je pouvais même toucher ma poitrine. même pas
mal. pas mal du tout.
de sorte que mon jour c’était tous les jours. juste les bras
remplis de fleurs me serraient dans les bras comme mes bons amis.
et tout le monde parlait en bien de moi. que j’aurais été un homme
bien. magnanime. je n’avais aucune idée d’où ils tenaient ça. ces propos
sur moi. ils les tenaient.

comme si j’étais mort c’est ainsi qu’ils parlaient de moi

je suis plus vivant que jamais. j’explose de vitalité et d’amour.
que j’ai envie de me battre avec mes propres bras
ces tendres fleurs dans ma poitrine
je me sens bien et de plus en plus aromatique.
et tout le monde parlait en bien de moi. que j’aurais été un homme
bien. magnanime.
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Éclatants de santé et d’additifs alimentaires E. des lucioles

la nuit nous sommes confondus
avec le grand char. regarde comme ils brillent
on dirait nos étoiles filantes
au plus haut

dans ce monde qui garde ses enfants sur la tête
les œufs végétaux sous les aisselles
nous nous rassemblons dans la ronde de l’union en fonte
dans la faim avec de la farine de maïs des canetons le printemps le soleil

jus de fer à feu doux
que tous les peuples nous revendiquent et
tirent sur nous comme sur des putes.
pour nous ramener à la maison
c'est ainsi qu’ils sont nos gardiens d’orties

si nous avions été nous aussi des gardiens nous aurions laissé également une marque sur l’eau
une lumière naturelle un bruissement quelque chose dans les saules
au moins dans les livres de coloriage des enfants de maternelle
qu’ils nous montrent aux parents
que nous sommes sages.
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Cigarettes café promenades comme chez les fous

un véritable esclandre
ici nous sommes tous amis. ici nous sommes tous sains d’esprit.
personne ne reconnaît. les regards perdus parlent de nous.
les détournements de la réalité immédiate
auraient été notre seule réalité.
disaient ceux qui pensaient contrôler la réalité.

l’infirmier a dit je suis nouveau. une fleur
un jour de mai. je suis tout juste bon. pour les pilules
probablement une dépression j’ignore si je suis guéri ou
si j’ai jamais été déprimé.

je fus interrogé par un collègue si je me suis acclimaté.
trois mois qu’il pêchait délicatement les plantes dans la rigole.
regarde comme elles sont belles. j’avais envie de rire.
sans raison. tel un fou. il a été conduit
à l’hôpital par un temps hivernal.

on ne nous a jamais donné de fourchettes pour manger.
Ils disaient qu’on allait se crever les yeux fixant le vide.
le premier jour nous avons mangé le plat de résistance avec les mains.
aucun de nous n’avait assez de cigarettes. le
nec plus ultra était de fumer et d’observer la lune.
aucun espoir que les amoureuses ou les épouses nous cherchent. si
toutefois ça leur arrivait de passer en coup de vent as tu apporté des cigarettes
pour observer la lune. on demandait.

j’ai quitté cet endroit. je n’ai pas découvert ce dont je souffrais.
d’un hôpital à l’autre. que dira
le monde. le pauvre habite en mezzanine.
bien sûr ils m’ont demandé comment je
me sentais. l’éternelle bienveillance.
cela peut arriver à tout un chacun. disait-on.

(traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
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Aujourd’hui j’ai fait un malaise dans le tram 21

une torpeur s’est comme ça emparée de moi et ce mal(être) m’a cloué débout.
là-bas à mi-chemin du tram 21. où se scinde en
deux la vie. là-bas tandis que je prenais appui sur la barre latérale de moi
s’est emparé ce mal(être).
si je me souviens bien c’était à mi-chemin du tram
où se tiennent les petits balanciers. les grands balanciers sont
plus proches du conducteur. nul besoin d’avoir un certain âge

pour les balanciers on peut même n’être qu’un enfant si l’on veut,
pour les balanciers. ceux qui passent dans l’autre moitié du tram
reçoivent gracieusement un balancier pour s’y balancer.

et tandis que je comptais les arrêts jusqu’à piața obor. c’est comme ça
qu’un mal(être) s’est emparé de moi et m’a ramolli les genoux. le noir
devant mes yeux. petit ou grand mal(être) je n’en sais rien puisque je ne suis pas encore mort
tout à fait. juste la mollesse de mes genoux et la voix
familière criant emil emil. étendez-le par terre il a quelque chose
comme un mal(être). et laissez-le respirer tout seul. criaient les voyageurs.
forts aimables les passagers du tram 21.
l’un m’a offert sa place. un autre a ouvert la fenêtre.

fort aimables les voyageurs après tout j’étais l’un des leurs.
juste mon front en sueur et mes mains moites et froides. seul le mal(être)
s’amenuisait lentement et ma colère noire dans le tram 21 ne me lâchait plus.
de ma prière vers dieu je ne me souviens plus guère.
seule de la voix féminine attendue toute ma vie
à l’arrêt perla pour prendre ensemble le tram 21 qui était en fait
le tram 46. je m’en souviens. qu’il nous emmène
qu’il nous emmène à ce marché obor pour l’agneau de Pâques.

(traduit du roumain par Gabrielle Danoux)

*

Version originale :

Azi în tramvaiul 21 mi-a venit rău.

m-a luat așa o moleșeală și mă ținea pe picioare răul ăsta.
acolo la jumătatea tramvaiului 21. unde se împarte în
două viața. acolo cum mă sprijineam de bara laterală mă
luase un rău.
parcă așa îmi aduc aminte la jumătatea tramvaiului
unde se țin cumpenele mici. cumpenele mari sunt
mai aproape de vatman. nu trebuie să ai o anumitã vârstă

pentru cumpene poți să fii și copil dacă vrei,
pentru cumpene. cei trecuți de jumătatea tramvaiului
primesc gratis o cumpănă în care să se dea.

și cum număram stațiile către piața obor. a venit așa
un rău de mi-a înmuiat genunchii . și mi s-a pus o pată
neagră. rău mic sau mare nu știu că încă n-am murit
de tot. numai genunchii mi s-au înmuiat și vocea
cunoscută striga emil emil. întindeți-l pe jos are ceva
ca un rău. și lăsați-l să respire singur. strigau călătorii.
foarte amabili călătorii din tramvaiul 21.
unul mi-a oferit locul. altul a deschis geamul.

foarte amabili călătorii că doar eram unul de al lor.
numai fruntea și mâinile erau transpirate și reci. numai răul
se micșora încet și pata pusă în tramvaiul 21 se lua de la mine.
nici de rugăciunea domnească nu îmi aduc aminte.
numai de vocea feminină pe care o așteptasem de-o viață
în stația perla să luăm tramvaiul 21care de fapt era
tramvaiul 46. îmi amintesc. să ne ducă.
să ne ducă spre piața obor pentru mielul de paști.
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Madame docteur nous soupçonne d’être en bonne santé

nous sommes aisément
reconnaissables habillés
avec l’équipement de service.
ce sont des gardiens. si
on leur donne quelque chose à garder, ils se prennent pour des dieux.

elle veut voir si nous avons tout ce qu’il nous faut
ou peut-être plus. qui sait. où nous sommes nous
séparés et où nous ne sommes plus entiers

elle pose toutes sortes de questions sur nos cœurs électriques
pour apprendre mon Dieu
d’où ça peut bien venir
nos femmes de passage
fumantes ont une odeur de brioche faite maison

elle a pour le contrôle périodique
un énorme peigne pour nous arranger
et il lui reste de nous une poignée de cheveux
avec laquelle elle tresse ses nattes blondes flower power.

on nous sert un steak saignant
ainsi mollassons et on se sent bien on se fend la poire
quand on glisse de la table inclinée
ivres que nous sommes. mais madame docteur
s’assure qu’on ne se renverse pas nous met
un fausset et nous souhaite ad multos annos.

(traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
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le bourreau-victime
la victime-bourreau
l’interdépendance
les liens symptomatiques

qui séparent
qui unissent

le déchirement des liens
le stade du devancement
qui détient la raison
qui englobe qui

temporaire
tempêtant

l’étonnement
du bourreau étant la vraie victime
la victime le véritable bourreau


pour-contre
les états
l’espacement
le besoin d’arguments
les temps vivants

nous les nouvelles victimes
nous les nouveaux bourreaux

(pp. 51-52, traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
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Emil-Iulian Sude
Monostiches :

Géraniums/Mordues.
Nous observent plusieurs lèvres de chèvre.

Soupir.
Je me retire dans ma poitrine et ne me remplis jamais.

Collapsus.
Allongés vers nous nous fermons nos couleurs de vivants.

Univers parallèles.
Dans le sac d’un seul sou quelques bouteilles de lait
faisant tournoyer l’horizon.

Le soleil.
Le lait débordant sur le feu, comme s’il y en avait guère
dans les pépins de raisin et autres fruits violets.
L’âme.
La traille une douleur au ventre recoquillé,
on dit que cela vient du cœur.

Ainsi.
Et tout s’est rassemblé au lieu
précédent, promis à la baisse.

La mort.
Nous nous tassons et faisons l’amour
dans toutes sortes de positions de la vie !

La graine.
L’une par-dessus l’autre des amas de vies cachées,
fermées les innombrables de la mort.

Le vice.
La mémoire de la chaîne sur les cous roses
des résidus endoplasmiques.

La révélation.
Dans une plaine aux jonquilles blanches s’est aussi faufilé le rouge Dieu pavot.
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Au début les mondes étaient transparents
et toutes les choses existantes passaient d’un monde à l’autre.
et il n’y avait aucune mesure
de la vie et aucune mesure de la prière non plus. il y avait
un seul être et la mort n’avait aucun
emplacement physique. et la lumière – une confession continue
entre les mondes.
et de toutes les choses ayant existé. gendre de la mort.
le péché. s’est imposé comme le roi de l’inquiétude
et la vanité a rendu opaque chaque être et
a divisé les mondes. et de nombreuses frontières ont été fixées.
et dans l’être et entre les mondes. et la pierre avec la pierre
se sont vues et l’humain avec l’humain de même. et les choses transparentes
élues comme telles n’ont plus été vues.
par les mondes opaques.

(traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
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Nous avons un colossal désir de vivre

certains d’entre nous prennent du poids donnent des fruits
tandis que ceux du dessus n’hésitent pas à nous bouffer
roulés dans le sucre

doux jusqu’à la provocation avec des corps amers

nous nous câlinons blottis affinés
beaux de glaise
nous accomplissons la vie de ceux du dessus

de nos amours une sorte d’oubli

les fruits dans les arbres non cueillis. une sorte d’eau qui assèche.
nous rions à nous décrocher la mâchoire sous les ossements où nous nous aimons
jusqu’à la défiance

nous ne craignons pas les crânes voisins
roulés entre les poitrines. de moi à toi
de toi à moi.

(traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
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