Beaux Arts Magazine

J'au vu de Claude Monet des toiles originales qui sont bien sa chair et son sang. L'année dernière on lui a refusé un tableau de figures, des femmes en toilettes claires... Rien de plus étrange comme effet. Il faut aimer singulièrement son temps pour oser un pareil tout de force, des étoffes coupées en deux par l'ombre et le soleil... Ce qui distingue son talent, c'est une facilité incroyable d'exécution, une intelligence souple, une compréhension vive et rapide de n'importe quel sujet. Je ne suis pas en peine de lui. Il domptera la foule quand il le voudra...
Emile Zola

C'est dans sa vie de tous les jours que Monet trouve ses sujets : l'entourage, les familiers, la maison, les jardins,les loisirs. Le temps de la peinture tend à se confondre avec le flux de la vie individuelle.

"Monet n'est qu'un oeil, mais quel oeil" a dit Cézanne. De la période impressionniste aux oeuvres de la fin, la recherche de la visualité pure conduira Monet vers un art aux limites de l'abstraction, qui annonce l'abstraction lyrique.

Paul Léautaud oubliait parfois d'être féroce. Dans son journal il rapporte une conversation avec Emile Bernard : "J'ai lu dans le volume qu'il m'a donné, des notes sur Whistler. Je lui ai dit que je pense qu'il doit l'apprécier beaucoup, et combien je trouve juste le mot "distinction" qu'il lui applique. Dieu sait si j'ai horreur du mot "distingué" employé pour des oeuvres d'art : peinture, musique ou littérature (...) mais le mot "distinction" est vraiment autre chose".

"Monet aime, sur une eau légèrement remuée, à juxtaposer les reflets multicolores du soleil couchant, des bateaux bariolés, de la nue changeante (...). Cet effet, d'une vérité absolue et qui a pu être emprunté aux images japonaises, charme si fort la jeune école qu'elle y revient à tout propos".
(Armand Sylvestre)

Charles Baudelaire - "l'eau-forte est à la mode"

"Tout récemment, un jeune artiste américain M. Whistler, exposait une série d'eaux-fortes, subtiles, éveillées comme l'improvisation et l'inspiration, représentant les bords de la Tamise : merveilleux fouillis d'agrès, de vergues, de cordages ; chaos de brumes, de fourneaux et de fumées tire-bouchonnées ; poésie profonde et compliquée d'une vaste capitale".

De nos jours, les gens voient les brouillards, non parce qu'il y a des brouillards, mais parce que peintres et poètes leur ont appris le charme mystérieux de tels effets. (Oscar Wilde)

Les politiques ne vont jamais dans les musées. Ils ne lisent ni romans ni essais philosophiques. Ils sont incultes, aveugles, quasiment autistes envers ce qui se crée sous leur yeux. Indifférents à l'histoire des idées, de l'architecture, aux différents courants musicaux. Non, ce constat n'est pas exagéré : c'est la réalité crue, fade, juste horrible. C'est grave : les femmes et hommes politiques sont aussi déconnectés de la réalité que du monde des idées. Comment peut-on vouloir gouverner, inventer, entraîner les individus dans un élan commun, sans connaître l'histoire de son pays, de sa culture ? Comment peut-on vouloir comprendre son époque en ignorant ceux qui la créent ? Dans leur immense majorité, les dirigeants politiques français sont incontestablement moins cultivés que ne l'étaient leur prédécesseurs dans les années 1950, 1960, 1970.....
(...)
Notre enquête menée auprès des directeurs d'institutions culturelles, des artistes et des galeries nous l'a confirmé : ils sont moins d'une vingtaine d'hommes et de femmes politiques à s'intéresser à l'art !
(...)
Comme le concèdent en off quelques habitués de la rue de Valois, les politiques sont en pleine régression culturelle. ...
Aujourd’hui, droite et gauche sombrent dans la démagogie et prônent un art populaire qui en serait pas élitiste -est-ce à dire une forme de sous-art ?

(à ce moment de la lecture, surtout prendre un anti-dépresseur)

Après deux siècles de domination fatimide, la Sicile passait sous contrôle normand à la fin du XIe siècle. Mais l'influence islamique s'est perpétuée avec vigueur dans l'architecture et les arts décoratifs de l'île.

Sous l'influence du califat fatimide, une somptueuse production artisanale vit le jour. Le Caire et les villes du delta du Nil devinrent le creuset d'un art raffiné, mêlant traditions et inventions, surtout destiné aux palais et aux mosquées.

Fondée par les Fatimides, al-Qâhira fut d'abord une cité-palais avant de se muer en une effervescente agglomération commerciale. Aujourd'hui encore, ses mosquées et portes fortifiées témoignent de sa splendeur passée.

Supposez que cet âge d'or de l'art français se soit déplacé entre 1958 et 1986. Ni Brancusi, ni Pascin, ni Soutine n'auraient pu être reconnus car déjà, à la fin des années 50, les Français défendaient rarement ce qui était fait en France, mieux valait regarder ailleurs. Alors, on n'aurait pas connu les Modigliani, Picasso, Chagall... mais des peintres et sculpteurs médiocres - évidemment désormais oubliés - auraient pris leur place. (Erik Dietman, artiste)

En 1960,quand j'ai tourné les treize téléfilms de la série "les Heures chaudes de Montparnasse", les Pascin, Foujita, Kisling, Van Dongen, etc... étaient sous-estimés. Alors l'abstraction régnait comme aujourd'hui les installations dérisoires. Chaque époque, chaque pays choisissent l'art officiel qu'ils méritent. Pourtant, autour du carrefour Vavin, les artistes de l'Ecole de Paris avaient réussi à créer une Europe artistique, tolérante, généreuse que, présentement, Bruxelles peine à réaliser. Leurs tableaux ont fait le tour du monde. Ils reviennent à Paris. Merci. (Jean-Marie Drot)

L'Ecole de Paris, période charnière, début d'une ère cosmopolite où des hommes n'hésitent pas à traverser les continents, ou la Seine, pour un ailleurs propice à l'émancipation créatrice ; Paris, lueur dans le monde par l'aura de sa culture, de ses cafés, lieu de rencontres et de confrontations où chacun peut affirmer son moi. Certains y meurent de faim, d'autres réussissent par la grâce d'un collectionneur américain... Artistes singuliers, bien loin de l'actuelle uniformisation mondiale.

Degas a une passion pour les scènes de toilettes.

Léonard est extraordinairement beau, élégant et soigné avec ses pourpoints chatoyants, ses chausses collantes et ses cheveux bouclés. Il force l'admiration par son esprit, son équilibre intellectuel, son assurance dans le travail. La trentaine, avec son nez cassé, sa sensibilité d'écorché vif, Michel-Ange n'a pas la superbe de son rival. Il est sauvage, débraillé, sale agressif et bagarreur.

Commentant l'oeuvre de Bacon, Deleuze écrit dans Logique de la sensation: "L'homme qui souffre est une bête.La bête qui souffre est un homme.C'est la réalité du devenir".

Il est vrai que.. chaque jour dans la glace je vois la mort au travail, c'est une des plus jolies choses qu'ait dite Cocteau.