Ceux qui ont été traducteurs officiels de la préfecture au tribunal et qui se retrouvent devant le même tribunal pour leur propre expulsion.
Ceux qui n'ont personne à appeler pour prévenir qu'ils sont enfermés. Ceux qui ont marché des milliers de kilomètres et qui sont en France depuis à peine quelques jours. Il y a des ingénieurs, des vendeurs de pneus,. Des ouvriers, des sociologues, des fils de président. Des Circassiens. Il y a ceux qui sont en danger, en tristesse ou en colère. Ceux qui sont en perplexité. Ceux qui trouvent qu'on ne fait rien pour eux...
Sous la pression de la Cour européenne des droits de l'homme, de nombreux États européens ont officiellement suspendus la reconduite des Tamouls au Sri Lanka. En 2007, la CEDH a demandé à la France de suspendre ces reconduites. Paris n'en a pas tenu compte. Invariablement, les préfectures placent en rétention les Tamouls qui sont déboutés de l'asile, et les juges confirment leur maintien en rétention. Ils sont présentés à leur consulat qui délivre immédiatement un laissez-passer. Nous saisissons alors la CEDH qui prononce la suspension de la reconduite pour risque de traitement inhumain et dégradant.
À ce même moment, à Rouen, la Cimade reçoit une dame originaire de Guinée, arrêtée par la police à l'aéroport, alors qu'elle s'apprêtait à prendre un avion pour rentrer dans son pays d'origine. …. Sans doute que l'on préférait d'abord la priver un peu de liberté, puis l'expulser, pour pouvoir, sur les listes du ministère, inscrire son nom dans la case « expulsés »et, ainsi, grossir le chiffre de fin d'année.
Elle devait avoir des arguments convaincants de droit, puisque le TA (Tribunal Administratif) accordera une suite favorable à sa requête et annulera l'arrêté préfectoral de reconduite à la frontière pris trois jours plus tôt. Mais c'était trop tard. La préfecture l'avait déjà reconduite en Bulgarie, en violation incontestable, une fois de plus, d'une disposition légale.
Un gendarme s'approche, frappe à la porte du bureau de la Cimade et demande : « C'est le PV n°2430 qui est avec vous ? ».... Il ne s'adresse pas directement au « retenu » pour lui demander son nom, bien qu'il soit en face de lui ; il me demande si je suis en entretien avec un numéro de PV.
Il s’agit plus modestement ici de remettre en question certaines certitudes trop bien établies, et de mettre en lumière le contraste saisissant entre l’accaparement des profits financiers générés par ces grandes entreprises entre les mains de quelques-uns, et les coûts dont elles se défaussent sur la société dans son ensemble. Relocalisation de l’économie, transition énergétique, fiscalité écologique… Les propositions ne manquent pourtant pas pour faire autrement.
p.104 : "L'abbé Pierre il a dit une fois que rester dans la rue trois mois, il faut deux ans pour se reconstruire."
p. 184 : "Elles finissent parfois par venir en France sans passer par la procédure du regroupement familial. Non seulement ces familles n'auront pas de papiers, mais depuis la loi Sarkozy de novembre 2003, cette attitude peut-être sanctionnée par le retrait du titre de séjour de la personne installée régulièrement en France."
Mais ils ne sont pas fous. Ils savent qu'il s'agit là de traitements inacceptables, ils savent que la mission qui leur est confiée est d'une incongruité flagrante, et plus ils savent, plus ils gonflent des ballons, plus ils font sauter des enfants sur leurs genoux, plus ils distribuent des bonbons, plus ils se pâment devant les jolis minois enfermés tout en regrettant – dans le verbe du moins – qu'il en soit ainsi.
Il est marocain mais ne peut pas le prouver. Né dans un petit village, aucun document d'état civil n'a pu être établi. Le consulat algérien en France le reconnaît comme étant algérien : mais l'Algérie le condamne pour un fait commis pas sa propre ambassade en France. Ubu n'aurait pas fait mieux ! M. Benhia est la balle de ping-pong, la patate chaude que se renvoient la France et l'Algérie depuis plus de trois ans.
La cellule d'isolement. Une pièce de quelques mètres carrés sans fenêtre. Les murs peints en bleu très clair, une pâleur d'univers hospitalier. Pas de lit, mais un rectangle de béton ne faisant qu'un avec le sol, recouvert d'un fin crépi, sur lequel un matelas est maladroitement jeté. Dans un coin, un lavabo de forme ovale est suspendu au mur. En face, des toilettes à la turque en acier de médiocre facture.