Assez, c’est assez ! Il est temps que vous sachiez, il est temps de parler. Depuis tout ce temps, je retenais ma bouche de mes deux mains, mais il est temps de m’écouter. Je n’ai pas survécu pour vivre, mais plutôt pour témoigner, pour dire leur vie à eux, vous dire ce qu’ils avaient comme rêves, et pour dire leur mort atroce, la haine des tueurs toujours marquée sur les restes du corps
Je ne suis pas sûre d’oublier tout ça et je ne veux pas l’oublier. Comment l’oublier ? Est-ce que si je le pouvais, je choisirais d’oublier ? Je ne sais pas, ce que je sais, c’est que je ne le peux pas
J’ai besoin d’oublier le passé, le passé qui me fait toujours trembler, le passé qui fait partie de moi mais moi, je ne veux plus en faire partie
Mes oreilles entendent toujours leurs cris de haine ; elles entendent toujours les bruits des os coupés par leurs machettes
Les cris des bébés jetés contre les murs, les cris des femmes violées, les cris de nos grands-parents trop vieux en train d’être coupés en morceaux par les machettes
Quand le passé domine le présent, celui-ci est compliqué à envisager, et c’est d’autant plus dur pour le futur