G. van Zuylen :
Les jardins de Russell Page - W.H. Adams : L'
art des
jardins ou
la nature embellie
Olivier BARROT présente les ouvrages de
Gabrielle VAN ZUYLEN "Les
jardins de RUSSEL" chez FLAMMARION et de William HOWARD ADAMS "L'
art des
jardins ou
la nature embellie" chez Abbeville press.
Le XVIIIe siècle est marqué par un retour au paysage arcadien des Grecs, au paysage romain et à la mythologie. Éclairé par la lumière de la philosophie et de la peinture. D'un bout à l'autre de l'Europe, philosophes et poètes, aristocrates et politiciens sont pris de passion pour les jardins. Mais c'est en Angleterre que naît un style qui redécouvre la nature au travers de la peinture : le jardin "paysager".
Si nous considérons l'oeuvre de la nature et celle de l'art, au point de vue de l'excitation de l'imagination, on trouvera les secondes très inférieures aux premières ; car, même si elles paraissent parfois belles ou étranges, il leur manque cette grandeur et cette immensité qui enchantent l'esprit. Les premières peuvent être aussi porteuses de culture et de raffinement que les secondes, mais celles-ci ne peuvent jamais montrer la même splendeur et la même magnificence dans l'intention. Il y a quelque chose de plus magistral dans les mouvements brutaux et indifférents de la nature que dans les jolies touches et les embellissements de l'art.
Joseph Addison (1672-1719) - promoteur du jardin pittoresque
Le Moyen-Âge européen a établi un pont entre les siècles, entre la chute de l ' Empire romain et la Renaissance. La pratique des jardins a été préservée dans les monastères et c'est à cette époque que l'église se choisit pour symbole le jardin secret, l'hortus conclusus. A l'opposé, princes et poètes ont préféré l'hortus deliciarum, le jardin paradisiaque, source de plaisirs terrestres. Ces deux métaphores sont l'essence du jardin médiéval.
La famille florentine des Médicis à joué un rôle primordial dans l'introduction du jardin italien en France. [•••] Catherine femme d'Henri II, est à l'origine de la création du jardin des Tuileries, ainsi que d'importantes modifications à Fontainebleau ; et Marie, femme d'Henri IV, nostalgique du Palais Pitti et des jardins Boboli à Florence, fait construire par Salomon de Brosse le palais et les jardins du Luxembourg.
Chaque période de l'histoire semble dominée par la vision et les réalisations d'un pays : l'Italie de la Renaissance, la France du classicisme. Le jardin "à la française" du siècle de Louis XIV transforme le paysage en une oeuvre d'art équilibrée et contrôlée, expression d'une domination totale sur la nature.
L'erreur des prétendus gens de goût est de vouloir de l'art partout, et de n'être jamais contens que l'art ne paroisse; au lieu que c'est à le cacher que consiste le véritable goût; surtout quand il est question des ouvrages de la nature.
Jean-Jacques Rousseau,
La Nouvelle Héloïse, 1761