Sans réfléchir, elle cria :
« Souvenez-vous! Je ne sais pas d’où vous venez, mais là-bas il y avait sûrement de l’eau comme celle qui coule des Mille Sources, et du soleil qui chauffait doucement, et des jours différents des autres parce que le vent portait une odeur de printemps. Il y avait sûrement des choses que vous vouliez faire, des rêves qui habitaient vos cœurs, des étoiles qui brillaient au ciel comme une invitation au voyage. Il y avait même le froid, la faim, la douleur, le chagrin. Il y avait de la vie et de la mort. Il y avait des fleurs comme celle dans ma main, mais des fleurs vivantes où coulait la sève, et des pétales fanés sur le sol. »
Akar se sentit étrangement apaisé. Il constata alors qu’il percevait à nouveau le langage sans mots des arbres qui lui chuchotaient des promesses de leurs nombreuses voix.
« Pourquoi nous as-tu fermé tes oreilles, Akar, Akar? Nous n’avons cessé de te parler, mais tu ne nous entendais plus. Akar, tu trouveras Neige, Neige te trouvera; là-bas dans la grande forêt, Tiu-Huut chante pour toi tandis que Coeur-de-la-Forêt rêve en dormant. Akar! cette journée n’est-elle pas belle, cet instant sublime n’est-il pas merveilleux, n’est-il pas le seul qui compte, le seul qui existe? »