Revue L`Arc

Pour Leonardo Sciascia notre époque à la forme de la casquette de Charles Bovary ; compliquée, contournée, entortillée dans le sens de la stupidité. Profondeur et subtilité : événements confus à souhaits comme "le visage d'un imbécile". Simplifier. Débrouiller, en triant le bon le fil, l'écheveau. Aller, d'un coup de plume, au coeur des choses. Délester les faits pris au plomb des phrases. Déployer au clair soleil de la surface ce qui tombe en tapon dans l'insondable obscurité des abîmes : se rire de la vertigineuse bêtise de notre temps mystifié par les idéologies. Aplatir les systèmes pour les présenter à leur juste épaisseur de papier Job.
Jean-Noël Schifano, Article "Sciascia ou de la candeur" à propos du personnage Candido Munafo, "Mi sicilien, mi-voltairien", héros du roman Candide ou un rêve fait en Sicile.

Si l’on considère le délire, il nous semble qu’il a deux pôles, un pôle paranoïaque fasciste et un pôle schizo-révolutionnaire.

Manosque au début du siècle par Elise Giono

Manosque au début du siècle ses habitants, ses moeurs, quelques figures typiques, bref le milieu où a évolué Jean Giono dans son enfance et son adolescence, avant que la guerre de 1914 ne l'enlève pendant quatre ans à cette petite ville paisible, prospère, à la fois agricole et industrielle. Ville riche pour l'époque avec ses magnaneries, sa tannerie, peuplées essentiellement de paysans qui partaient dès le matin avec leur charrette, attelée d'un mulet, travailler aux champs pour ne rentrer que le soir.

Autrefois, la colline de Saint Pancrace, appelée aussi Toutes Aures, était entièrement recouverte d'amandiers qui, à la floraison, rappelaient les paysages japonais tant étaient belles les fleurs blanc-rosé qui transformaient la colline en un immense bouquet. La récolte d'amandes constituait une des richesses du pays. Il fallait décortiquer les fruits dans de grandes salles qu'on appelait "le pessaïre" du nom provençal qui signifie "casser". Là étaient installées sur deux rangées des supports surmontés d'une pierre plate. Derrière chaque support une femme, marteau en main, tapait sur une amande après l'autre pour séparer le fruit de sa coque et le plus vite possible, car on était payé selon le rendement, ce qui n'empêchait pas les langues de marcher aussi rapidement que les coups de marteau. Alors là, tous les potins de la ville et des environs y passaient : naissances, mariages, adultères, divorces, médisances...et nous étions beaucoup mieux documentés sur notre pays que par nos journaux.

Le résultat ne s’obtient jamais qu’en vertu d’une réalité inventée d’avance.

Ce qui vaut pour l'affrontement "athlétique" d'Istrati avec la réalité politique et l'histoire demeure non moins pertinent dans le traitement romanesque des récits.

Il s’agit de faire passer les discours philosophiques au laminoir d’une détermination totalisante qui démasque la philosophie comme leurre, comme leurre du Désir au sein d’une systématisation paranoïaque à commande unique, Dieu.
Mais tel n’est pas le seul but : il s’agit aussi de marquer, dans tout système philosophique « bien encadré », la présence d’un excès de sens, d’un « truc » en plus qui pervertit la machine de l’intérieur.

Il y a un irrécupérable en-trop de la philosophie, c’est l’en-trop du sujet, décentré au profit du Sujet. La solution logique consiste à offrir à celui-ci une place quantitative, c’est-à-dire proportionnelle à sa place dans la Totalité : ce qui rappelle la proportionnalité mathématique du sujet dans le mythe védique où l’Absolu a été mutilé de ce un quart qui est l’Homme.

-Hegel ou la logique de la ruse (Marie-Françoise Cassiau)-

A quoi sert la grammaire puisqu’on meurt après.

-Françoise, 8 ans, au cours de sa psychothérapie-

Comment se fait-il que des gens qui n’y ont pas tellement intérêt suivent, épousent étroitement le pouvoir, en quémandent une parcelle ? C’est peut-être parce que, en termes d’investissements, aussi bien économiques qu’inconscients, l’intérêt n’est pas le dernier mot, il y a des investissements de désir qui expliquent qu’on puisse au besoin désirer, non pas contre son intérêt, puisque l’intérêt suit toujours et se trouve là où le désir le met, mais désirer d’une manière plus profonde et diffuse que son intérêt.

Ce que Hegel veut pour son état de droit c’est une représentation organique des intérêts de tous les citoyens, selon leur appartenance à tel ou tel groupe social. Le suffrage universel considéré pour soi, comme l’égalité de tous devant le droit de vote, est pour Hegel tout autant que le suffrage censitaire, un principe abstrait, et donc non complètement rationnel.

-Sur le Bill de réforme anglais (Bernard Lemaigre)-