Lorsqu'au siècle dernier un Singe fut présenté pour la première fois au public d'un jardin zoologique anglais, un haut dignitaire de l'Eglise s'écria en contemplant l'animal : "Qu'il parle et je le baptise !" A cette époque, les Simiens venaient frapper à la porte de notre suffisance et, par quelques grimaces ou pitreries, nous interroger sur la réalité de notre suprême distinction. A l'inverse du prélat britannique, les esprits les plus formels tremblaient de fureur ou de crainte à l'idée qu'un Chimpanzé pouvait faire preuve d'intelligence sans en avoir l'humanité. [...] Si les Singes doivent s'introduire dans notre famille avec un droit de cité identique au nôtre, où allons-nous ?... Où retournons-nous ?
Qu'importe la performance isolée d'une cellule musculaire : c'est un muscle qu'il faudra, c'est-à-dire des milliers de cellules musculaires intégrées dans un organe, au service d'un organisme. Qu'importe l'ésotérique intelligence d'une cellule nerveuse : c'est un cerveau, rassemblant dans une physiologie commune des millions de neurones, que l'animal exigera. La vie attache moins d'importance aux exploits démesurés de ces êtres qui, dans leur solitude, se prennent parfois pour le nombril du monde, qu'à leur sens des solidarités biologiques, leur disponibilité civique.
" Ce livre est le simple exposé de la dé-couverte passionnée de la vie à travers l'infini foisonnement des formes et des mœurs animales. "