Polybe

Quel bouquin mes aïeux!

Rien de moins que la naissance de la Rome hégémonique, ou comment en à peine un siècle cette ville est passée d'un puissance régionale à une super puissance planétaire

Polype s'attaque à ce sujet et s'en sort plutôt bien. Pas de lyrisme outrancier: il reste froid ,"critique" quand il le peut ses sources ( sur les causes profondes des guerres puniques en particulier où il consulte les premiers traités ) un peu, mais la conclusion est là nous avons en face de nous une grand esprit§

Polybe est l'auteur d'une oeuvre monumentale - réduite à l'état d'une peau de chagrin. La fresque qui était peinte dans les quarante livres de l'ouvrage représentait les grands faits du monde méditerranéen, de 264 à 146 av-jc. Aujourd'hui, nous ne possédons plus que les cinq premier complet; le reste étant constitué de fragments, plus ou moins étendus.

Avec Polybe, nous voguons sur les galères de la première guerre punique, prêtent à s'entrechoquer par centaine sur les flots bordants la Sicile; nous marchons en compagnie d'Hannibal, des Alpes qu'il traversa victorieux à Zama, où il s'enfuit vaincu; nous avançons au sein d'une phalange achéenne, spartiate, macédonienne, au travers des champs d'oliviers, ou dans celles Ptolémaïques dans les plaines de Raphia. Avec Polybe, nous découvrons Rome petite : nous la quittons grande.

Cependant, malgré la matière à sa disposition, il n'est pas un grand écrivain. de Thucydide, s'il en a la rigueur il n'en a pas le style. Ses phrases sont simples. La rhétorique y est convenue. En aucun endroit il ne faut s'attendre à être emporté par une vague lyrique. Mais si un écrivain produit une grande oeuvre, nous pouvons excuser ce défaut.

En fin de compte, avec Polybe et son Histoire, nous découvrons une période charnière de l'humanité : la naissance de la Rome méditerranéenne; de la Rome presque impériale.

Attiré par Jean Claude Milner, j'ai voulu découvrir le fameux historien qui a tant marqué l'histoire constitutionnelle.

Évidemment, je ne suis pas historien de profession, je n'ai pas insisté pour lire dans le détail cette pierre fondatrice (et massive) de l'histoire. Suffisamment cependant pour découvrir le style vivant de l'écriture, l'invention (je crois) de l'histoire universelle, ce que signifie aussi pour l'objectivité de lire l'histoire écrite par un vaincu, éduqué par son vainqueur.

Un monument, réputé comme tel, mais à lire tout de même quand on a beaucoup, beaucoup... de temps devant soi.



NB: une petite précision pour ceux qui comme moi sont attirés surtout par l'analyse des institutions romaine et la théorie de la révolution : c'est au livre VI (vous pouvez y aller directement, mais chhut !)