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Critiques de Rackham (15)
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Palestine

Avec Palestine, Joe Sacco a créé la bande dessinée de reportage, à l'issue d'un voyage de plusieurs mois, en 1992, en Israël et en Palestine.



Le dessin est sombre mais réaliste.



Les textes sont sans concession, à la fois sur ce que l'auteur voit et ce qu'il ressent.



En arrière-plan, on ressent un parti pris pro-palestinien (ou anti "pourquoi il est de bon ton de défendre la cause israélienne"), mais sans concession avec les dérives des tenants de la cause palestinienne.



Même si le sujet m'est cher, et la façon de le traiter a priori plutôt sympathique, j'ai eu un peu de mal à lire cette BD : des dessins un peu trop noirs ? un texte un peu trop lourd ? Ce n'est pas la cause qui est en jeu, plutôt la façon dont elle est traitée...



Une BD utile, pour qui sait la lire...
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Palestine

Palestine, de Joe Sacco, c'est d'abord une somme : dans son édition intégrale, près de 300 pages extrêmement denses, à la fois en dessins et en texte. Il s'agit de la réunion dans un même album des 9 tomes de ce Comics qui s'attaque à l'un des conflits les plus prégnants de notre siècle.

Il s'agit de la part de Sacco d'un travail assez monstrueux, d'une enquête sous forme de bande dessinée. L'auteur a passé plusieurs mois en Palestine et a cherché à comprendre ou décrire le conflit israëlo-palestinien du point de vue des habitants de Gaza ou de Cisjordanie. Des dizaines de rencontre, des interviews, des déplacements rendus difficiles par les blocages des Territoires palestiniens, l'Intifada, les tensions entre communautés, etc.

Si Sacco cherche à saisir ce qui se joue en Palestine, s'il fait oeuvre de pédagogie pour donner à comprendre certaines réticences de l'époque au processus de paix, les ressentiments toujours vivaces des populations, les tensions internes entre Fatah, FPLP, Hamas, etc., je ne qualifierai toutefois pas le travail de Sacco d'enquête journalistique. Pour la simple et bonne raison qu'il a manqué à ma lecture le point de vue israëlien. Il est parfois évoqué, mais de manière bien trop fugace.

Pour autant, pas question pour moi de reprocher à Joe Sacco son regard : parce que s'il choisit un point de vue, celui des Palestiniens, il reste objectif dans le traitement de ce point de vue. Objectif et lucide également, sur les témoignages qu'il a pu entendre, sur la réalité de tel ou tel engagement, sur certains non-dits ou certains tabous. A ce titre, les premières pages de cette édition sont passionnantes. L'auteur lui-même y expose à la fois ce qu'il a voulu faire et raconter, sa méthode de travail sur place, la façon aussi dont il a procédé à la mise en image (quels choix graphiques, que retenir, quels témoignages écarter, etc.).

Une lecture intéressante donc, parfois ardue devant la profusion d'images et de textes. Et la confirmation qu'il y a de bien belles pépites dans les comics. Il n'y a pas que DC Comics (ou ses équivalents, que par ailleurs j'apprends à découvrir et apprécier), et Spiegelman a des héritiers.
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Palestine

Les orages s’abattent sur les villes palestiniennes à l'allure de bidonville sous couvre-feu israélien. le jour se lève sur un véritable bourbier surpeuplé. Il faut vraiment avoir envie de venir ici. L'auteur américain de cette bd-reportage est décidé à montrer cette réalité à ses compatriotes et au monde.



Reçu chaleureusement dans les familles palestiniennes, il écoute et retranscrit les récits. Les plus anciens évoquent le moment où ils ont été chassés de chez eux. Les autres évoquent le combat quotidien pour vivre qui implique aussi le combat quotidien contre l'occupant israélien : caillassage de la police, cocktail Molotof, combats de rue, blessés et morts par balles, arrestations, torture (dite "pression modérée"), emprisonnement. le scénario est très répétitif. La police et l'armée gagnent. Les colons poursuivent la colonisation.



Les dessins à la fois réalistes et naïfs dans le style comics soulignent la simplicité des gens et accentuent ainsi le contraste avec la complexité de la situation : d'un côté Israël imposé aux palestiniens par la parole de Dieu soutenue par les britanniques en 1917, et mise en œuvre par une dynamique sioniste radicale. de l'autre côté les palestiniens révoltés qui s'organisent sous différentes bannières nationalistes et fondamentalistes.

Aucune de ces doctrines n'a la moindre chance d'aboutir.



Les témoignages des femmes palestiniennes sont les plus révélateurs du fondamentalisme : une femme reconnaît que l'oppression de la femme par l'homme est un problème qui réclame sa solution par le retour stricte au Coran. Deux jolies palestiniennes expriment leur culpabilité de ne pas croire suffisamment en l'islam. Une autre rappelle toutefois que les femmes non voilées se font caillasser dans la rue par des membres du Hamas...



De retour à Tel Aviv le mot de la fin est laissé à une femme israélienne réprouvant la colonisation mais fatiguée d'être rendue coupable de tous les malheurs des palestiniens.



Non vraiment la fin de ce conflit ne peut venir que d'un acte de foi non religieux.
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Palestine

Comme à chaque fois que je lis un ouvrage sur la Palestine, je reste abasourdie et hagarde après de nombreux sursauts de révolte au cours de la lecture.



Palestine rassemble les neuf chapitres ou épisodes parus aux États-Unis en neuf fascicules de 24 ou 32 pages entre début 1993 et fin 1995, suite à un voyage en Palestine de Joe Sacco alors jeune plein de fougue - même si un peu peureux - qui forme son premier projet de grande ampleur.



Le premier chapitre est un peu foutraque dans sa structure mais les suivants sont parfaitement organisés. Dans chacun, l'auteur raconte ses expéditions et rencontres dans différentes villes palestiniennes, camps de réfugiés etc. Le fait de le suivre dans de nombreux détails de la vie quotidienne permettent une immersion dans les conditions de vie réelles du lieu mais également dans les modes de vie.



Le dessin, souvent en cases larges, permet de visualiser le décor majoritairement fort triste de ces lieux, ainsi que les visages, les silhouettes, l'énergie et les émotions des habitants. J'ai beaucoup apprécié la dimension très réaliste du récit et cette attention aux détails visuels.



Par ailleurs, le texte se fait tour à tour révolté, informatif, caustique mais aussi quelque peu égoïste, préoccupé qu'il pouvait être de trouver la personne ou l'événement qui lui permettrait de faire sensation dans sa BD - ce qui est une des problématiques de l'écriture journalistique, et le mentionner sans fard me semble une forme d'honnêteté qui évite un angélisme fallacieux.



J'ai trouvé très intéressants le chapitre IV sur la prison d'Ansar III, expliquant comment les Palestiniens s'y organisent pour conserver leur dignité, et les chapitres VI, VII et VIII qui présentent une certaine variété des conditions de vie dans la bande de Gaza. J'aurais aimé que la partie accordée aux femmes dans le chapitre V soit plus importante.



Globalement, on voit toutes les générations témoigner de ce qu'elles ont subi (depuis 1948 notamment) et subissent encore au quotidien à l'époque venant des forces israéliennes (en faisant une mise à jour quelques 25 ans plus tard, je ne crois pas que cela ait beaucoup changé, en tout cas j'y ai retrouvé beaucoup de choses lues dans un autre témoignage journalistique qui date de 2010, Jours tranquilles à Gaza de Karim Lebhour) : les arrestations et emprisonnements abusifs, les méthodes d'interrogatoire pour le moins musclées, le harcèlement moral, les expulsions, les agressions par les colons, le développement économique sapé, la répression destructrice et qui semble disproportionnée (jet d'un cocktail Molotov : 15 ans de prison ; un désigné coupable : sa maison rasée, peu importe le nombre de personnes qui y vit etc.).



L'auteur précise bien qu'il ne présente presque que le point de vue palestinien parce que les médias américains, où il publie son ouvrage, se chargent amplement du point de vue israélien, et que son souhait est de présenter un témoignage de ce qu'il a vu pour faire changer les préjugés sur la situation et sur ces deux peuples.



Deux excellentes introductions ouvrent cette compilation, la première par Edward Saïd, intellectuel américain d'origine palestinienne, qui détaille très bien les caractéristiques de l'oeuvre de Sacco, la deuxième par Joe Sacco lui-même, qui explique son projet et comment il a travaillé (le passage des notes au dessin, quel type de dessin selon la visée narrative, descriptive ou dramatique etc.), joignant des pages de son carnet de notes, des photos prises sur place, des brouillons de plan et de planches.



Pour moi, un objet important.

Je ne remercierais jamais assez les bibliothèques qui font oeuvre de transmission.
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Palestine

J'ai bien aimé cette série de Joe Sacco car il montre pour l'une des premières fois la condition du peuple palestinien. Nous avons eu droit toute notre vie aux explications d'Israël comme le dit si bien l'auteur dans son ouvrage. Il a mené une enquête objective dans la bande de Gaza pour recueillir des témoignages et voir ce qui se passe concrètement. J'avoue avoir été interloqué par ce reportage sur un quotidien désespérant dans cette ville meurtrie.



Ces faits sont ceux des années 90. Vingt ans ont passé et les choses se sont encore empirées. Les colons ne comprennent pas les souffrances qu'ils infligent. Ils pensent parce qu'ils ont gagné la guerre, malheur aux vaincus. La première et la seconde guerre mondiale ont duré 5 ans. Là-bas le conflit dure depuis 1948. Ces gens n'ont connu que la guerre. L'Allemagne nazie a été vaincu de même que le Japon impérialiste, mais aujourd'hui ces états sont libres et pacifiés.



Joe Sacco a le mérite par cette oeuvre de montrer une autre réalité moins connue. A noter que son idée serait de créer un seul état pour ses deux peuples comme en Afrique du Sud. Il estime que c'est l'une des solutions à envisager pour une paix durable dans le futur. Par ailleurs, il place l'humain avant tout autre chose. Cette manière de voir les choses retient mon attention. Bien sûr, 4 étoiles.
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Palestine

Cet album rassemble les 9 tomes de la série Palestine intialement publiés par l'éditeur américain Fantagraphics entre 1993 et 1995. La première Intifada (1987-1993) fait rage lorsque Joe Sacco met les pieds en territoire occupé de Palestine en 1992. Agacé puis lassé par le point de vue dominant de la presse américaine sur le conflit israelo-palestinien, le dessinateur qui sera sacré figure de proue de la BD reportage grâce à cette série de bande-dessinées, entreprend un voyage de deux mois et demi en Palestine pour rendre compte par lui-même de la situation. Assumant avec aplomb et honnêteté son parti pris, Joe Sacco entend donner un son de cloche différent sur l'occupation israelienne en Palestine. Ne déclare t-il pas avec pertinence que : "Ce livre, bien que son contenu puisse paraître tempéré en regard de la violence d'aujourd'hui et de la tournure dramatique des événements, touche à l'essence de cette occupation. Ce n'est pas un travail objectif, si on entend par objectivité cette approche américaine qui consiste à laisser s'exprimer chaque camp sans se préoccuper que la réalité soit tronquée. Mon idée n'était pas de faire un livre objectif mais un livre honnête." (Joe Sacco, Quelques réflexions sur la Palestine, 2007). Cette série qui devait au départ compter six volumes, se compose de neuf tomes organisés autour de diverses thématiques : Le Caire, la prison d'Ansar III, la camp de réfugiés de Jabalia, le droit des femmes, le port du hihab, "pression modérée", Ramallah, Naplouse, les handicapés... toutes les personnes rencontrées ou interrogées par Joe Sacco ont pour point commun des parents blessés, traumatisés, emprisonnés, abattus. Parfois dépité et exténué, le journaliste enchaîne les entretiens qui finissent par tous se ressembler. Les récits concordent. Les fait relatés accablants. La rancoeur est tenace et les haines exacerbées. Que vient chercher Sacco, lui demandent certains témoins. Racontera t-il au monde leur malheur ? A quoi bon sensibiliser l'opinion publique ? Quand la communauté internationale se décidera t-elle à agir ? A chaque personne interrogée, chaque question posée, Joe Sacco se heurte à autant d'interrogations auxquelles il n'a malheureusement ni réponses, ni solutions...



On entend souvent dire que Palestine est l'une des plus belles réussites de Joe Sacco. Je confirme : cette série, considérée comme pionière en matière de BD reportage, a valu au journaliste la reconnaissance de ses pairs, ce qui n'est pas peu dire compte tenu de l'époque où Palestine a été publié pour la première fois. De toutes les oeuvres que j'ai pu lire de Joe Sacco, je dois reconnaître que cette bande-dessinée qui a permis à l'auteur de faire ses premières armes, dégage une spontanéité et une naïveté particulièrement touchantes. Il part en Palestine en conquérant. Il en veut pour son argent. Il poursuit le scoop qui va faire sa notoriété. Il tient le sujet de son futur chef d'oeuvre. Avec humour mais aussi humilité, Joe Sacco fait découvrir un envers du décor méconnu de la Palestine. Pourtant ses espérances s'étiolent au fur et à mesure que son voyage avance. Entre arnaques, mensonges et sollicitations en tous genres, Joe Sacco évolue dans un environnement hostile : la misère, le malheur et la rancoeur des gens, les camps délabrés, les témoins insistants et la rigueur de l'hiver, finissent par venir à bout de son enthousiasme. La fin de son voyage prend des allures de marathon. Les arrestations intempestives ou les jets de pierres qui menacent en permanence colons ou palestiniens rendent compte d'une tension omniprésente que l'auteur restitue tantôt avec emphase, tantôt avec lucidité.



Notons par exemple ce long passage que je trouve d'une émouvante sincérité et qui fait de Palestine une oeuvre très personnelle dont j'apprécie particulièrement la teneur : "Je cligne des yeux, photographie mentalement la scène en me disant : ça va me faire de sacrées pages dans la BD - une séquence étrange avec une voiture ballotée sous une pluie torrentielle, Sameh qui essaie par dessus son épaule de percer l'obscurité, triturant les vitesses pour nous dégager des allées inondées, et moi, à côté, au comble du bonheur... J'y suis tu comprends, j'ai fait des centaines de kilomètres en avion, en bus, en taxi, pour arriver précisément ici : Jabalia, l'incontournable camp de réfugiés de la bande de Gaza, le point de départ de l'Intifada, le Disneyland de l'ordure et de la misère... Et me voilà, moi le peintre des misères palestiniennes, le putain de dessinateur aventurier qui n'a pas changé de fringues depuis des jours, qui a enjambé quelques rats morts et tremblé dans le froid, qui a déconné avec les gamins et acquiésé calmement à leurs terribles récits... Dans la voiture, je me pince pour y croire, pris de vertige dans le noir, devant les flots et les vents furieux, pensant, "vas-y bébé, balance la sauce, je peux encaisser." Mais je garde la vitre bien fermée..." (p. 206). Grâce à Palestine, Joe Sacco touche vraiment à l'excellence. Avec le temps, ce génie des premiers temps a peu à peu cédé à un professionnalisme plus maîtrisé mais moins séduisant. Pour ma part, si vous ne deviez lire qu'une seule oeuvre de Joe Sacco, optez pour cette grandiose série à la fois pour sa créativité artistique et ce certain regard porté sur la Palestine...



A lire également Gorazde ou Gaza 1956, en marge de l'histoire, du même auteur.
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Palestine

J'ai pris cette BD à la bibliothèque sans savoir ce qui c'était, dans en connaître un l'auteur ou l'histoire. Je ne recommande pas de lire cette BD "à l'aveugle" comme cela. Voici ce que j'ai appris entre temps :



Cette BD est considérée comme l'invention de la BD-reportage, du journalisme graphique. Le dessin est brouillon et chaotique, il faut un moment pour s'y habituer, mais on réalise en cours de lecture que cela sied parfaitement le sujet.



L'auteur est vient d'une famille aisée de banlieue américaine (même s'il n'est pas né aux USA). Son idée était d'aller en Palestine peu après la première intifada, pour recueillir les témoignages et les rapporter avec une rigueur toute journaliste, tout en les dessinant sans aucun filtre. Plusieurs fois, pendant l'histoire, il s'interroge sur ses propres motivations. Il veut des récits de tortures et des crimes de guerre pour faire une récit qui choquera, qui fera parler. Quel genre de personne cela fait-il de lui?



Il remet en question aussi la façon la plupart des médias abordent (en 1994), les conflits israélo-palestiniens. Ce désir qu'ont les journalistes, le maintenir une façade d'impartialité, de parler des crimes des deux côtés comme étant d'une ampleur et d'une importance égale.



Sa propre position semble vaciller au fil du récit. Dès les premières de la BD, on est mal à l'aise avec les témoignages de palestiniens qui en appellent à l'extermination des Juifs.



L'auteur est aussi mal à l'aise. Il tente de raisonner ses interlocuteurs. Il en appelle à la paix.



Et à mesure qu'il en apprend sur la réalité du terrain, sa vision change. Il rejette toujours, avec raison, la haine. Il désir encore ardemment la paix. Mais dire à quelqu'un qui a été expulsé de sa terre natale pour être entassé dans un terrain entouré de barbelés, avec des services déficients, des couvres feu et une quasi impossibilité de sortir et de travailler, qu'il doit cesser d'haïr son oppresseur est au dessus de ses forces.



Les derniers chapitres de la BD sont à Tel Aviv, avec des interlocuteurs israéliens. L'auteur en tire ces conclusions : Souvent, lorsqu'un palestinien parle de paix, ce qu'il veut, c'est gagner la liberté et le respect de sa dignité. Que des droits humains soient respectés. Souvent, lorsqu'un israélien parle de paix, c'est qu'il veut continuer les déportations et la colonisation sans entendre parler des victimes qui risquent de miner son confort.
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Palestine

Une BD en noir et blanc écrite un peu comme un reportage, une plongée dans la Palestine. Le dessin est très précis et les visages ressemblent parfois à ceux de Crumb. Je décrirai le ressenti après lecture par des mots mis bout à bout :

Frustration, opression, expropriation, souffrance, résignation, haine, peur, violence, colons, injustice, religions, obscurantisme, camps, torture, armes, Gaza, Jabala.

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Palestine

Superbe BD journalistique, basée sur les interview faites par Joe Sacco au début des années 1990 parmi la population des territoires occupés en Palestine.

C'était en pleine première intifada, mais c'est malheureusement toujours d'actualité.

Dessin grinçant, des remarques justes, beaucoup de recherches pour comprendre la situation, le comment et le pourquoi, pas spécialement réjouissant... Mais absolument à lire!
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Palestine

Engagé, édifiant
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Palestine

Joe Sacco décide, en 1991-92, de se rendre dans les Territoires occupés pendant 2 mois afin de se faire sa propre représentation du conflit Israélo-Palestinien.

La propagande pro-israélienne des États-Unis l'irrite et il se forme à d'autres visions, comme celles de Edward Said ou Noam Chomsky.



Il arrive en fin de première intifada (guerre des pierres de 87 à 93) et récolte un maximum de témoignages à charge sur la violence des soldats et des colons israéliens, sur l'impossibilité de travailler, commercer, étudier, circuler, se soigner, cultiver la terre, voyager… quand on est palestinien.

Tous les témoignages se recoupent, jusqu'à l'overdose, car tous ces hommes, instruits ou non, racontent la même histoire: une vie faite de laid, de violence, de coups, de boue, d'humiliation.



Joe Sacco n'a pas pour objectif d'être impartial, d'interroger les deux camps, de se battre pour la paix ou de nous faire un cours d'histoire: il nous plonge au cœur des territoires occupés, nous emmène d'un camp à l'autre, cherche là où ça saigne en claquant des dents.



Le graphisme est sombre, le trait est ambiance "cartoon", Joe Sacco peint la laideur des lieux à travers la laideur de ses personnages.



"Palestine", publié en fascicules entre 1993 et 1995, est une BD journalistique de qualité que je vous recommande de découvrir si ce n'est pas déjà fait.

25 ans plus tard, on en est toujours au même point.



Demain on me sortait de chez moi pour prendre ma maison ou raser mon village, deviendrais-je "terroriste" ou "résistante"?

Je continue mon exploration de ce conflit en regardant, écoutant et lisant d'autres points de vue que celui asséné par les médias.



Traduit de l'anglais par Professeur A.

Joe Sacco est né en 1960 et est considéré comme une référence dans la BD documentaire.
Lien : https://carpentersracontent...
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Palestine

Après avoir lu l’excellentissime "Gaza 1956" de Joe Sacco, je me suis laissé tenter par cette superbe réédition en format intégrale de "Palestine", qui reprend les deux tomes des éditions Vertige Graphic.



Si le sujet est le même, à l’inverse de "Gaza 1956", qui revenait sur les deux massacres ayant eu lieu en 1956, "Palestine" n’a pas vraiment de fil rouge. L’auteur y enchaîne les rencontres et accumule des faits sans véritable structure. Il n’y a pas non plus le même recoupement ou de vérification des témoignages et le ton humoristique qu’il emploi tombe parfois comme un cheveu dans la soupe. Cette BD a certes également le mérite de dénoncer la situation inacceptable dans laquelle se trouvaient les Gazaouis, mais n’a pas la maturité et la structure de "Gaza 1956".



Le fait de ne pas prendre la peine de vérifier les faits qu’il relate, rend le témoignage de Joe Sacco encore plus partisan que lors de "Gaza 1956", qui, lui, reposait sur un travail journalistique beaucoup plus méticuleux. Mais bon, dans un monde où les médias dépeignent tous les palestiniens comme des terroristes et proposent souvent une vision assez unilatérale de ce conflit bâti sur des générations de haine, ça ne peut pas faire de mal de donner la parole aux palestiniens.



Lisez plutôt "Gaza 1956".

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Palestine

S'il fallait trouver une définition à la BD-journalisme, Confucius avec son « Une image vaut mille mots » nous a déjà mâché le travail. Palestine de Joe Sacco n'y fait pas exception.



En 1992, Joe Sacco, irrité par la vision occidentale du conflit israélo-palestinien, décide de partir en Palestine parce qu'il dit s'être senti obligé. Prenant petit à petit conscience de la souffrance des Palestiniens mais aussi d'un Israël pas si innocent qu'on voudrait le faire croire, il avait le sentiment de devoir faire quelque chose. Joe Sacco est né à Malte mais ses parents ont très vite déménagé en Australie, puis à Los Angeles. Il étudiera le journalisme à l'université mais abandonne assez vite l'idée de travailler dans la presse traditionnelle. Il raccroche donc à la BD, "la passion d'une vie", et déménage à Berlin pour y travailler. C'est là-bas que son idée de parler de la Palestine via le média de la bande dessinée va germer et que finalement, il décide que la meilleure façon d'en parler et d'aller sur place.



Dans sa méthodologie, Joe Sacco est très proche de Art Spiegelman. Tous deux font de la BD-journalisme, Spiegelman interview son père pour raconter l'oppression du peuple juif et les camps de concentration pendant la Seconde Guerre Mondiale, Joe Sacco lui parcourt les territoires occupés, rencontres des Palestiniens, vit autour d'eux, avec eux pour rendre compte d'une réalité enterrée derrière des journaux télévisés. Dans ce titre, "Palestine", l'auteur dit déjà beaucoup de choses. Ici, il s'agit bien (pratiquement) d'un seul point de vue. Comme il l'explique à la fois dans le récit mais aussi dans une série de (très bons!) documents précédant la bd, il estime que le point de vue israélien est parfaitement représenté dans les médias nord-américains.



Pourtant, l'histoire parle très peu de politique. Si les noms de partis ou personnalité sont évoqués régulièrement, jamais Joe Sacco ne donne une vraie dimension politique à sa bd. Exit propagandes (des deux côtés), discours et autres endoctrinements. Ce qui l'intéresse, ce sont les gens. Au fur et à mesure de l'histoire, on découvre le quotidien de ces oubliés. Les récits se suivent et se ressemblent souvent mais après tout, les souffrances, elles, ne s'arrêtent pas!. Les Palestiniens vivent dans la terreur et la haine, chaque famille a son lot d'injustices où tortures, justice à deux vitesses et violence démesurée se croisent régulièrement. Condamnés bien souvent à des vies misérables et pauvres, ils subissent la colonisation armée de leurs terres. Joe Sacco s'immerge totalement, il n'hésite pas à visiter les zones "sensibles", il côtoie souvent malgré lui des situations de panique en pleine rue. Pédagogique et instructif, ce livre nous en apprend plus que 10 ans de journaux télévisés. Bien sûr, ce que nous raconte l'auteur a déjà 20 ans, et pourtant, le conflit ne faiblit pas.



Première "vraie" BD de Sacco, cela se ressent particulièrement au début où le style "cartoon" est parfois trop caricatural, mais moins par la suite. L'histoire manque également de fil conducteur. Les interviews et lieux s'enchainent sans vrai raccord, mais Sacco se rattrape largement sur sa mise en scène avec des contre-plongées ou encore une déstructuration des cases (même si parfois un peu trop brouillonnes).



Joe Sacco ne se contentera pas de ce reportage. Il va aussi écrire et dessiner Gaza 1956, en marge de l'histoire, qui finira certainement rapidement dans ma bibliothèque. Mais il voyagera dans d'autres pays également. En Bosnie alors que la guerre touche presque à sa fin, dans son pays d'origine, à Malte, où les immigrants africains sont vu d'un très mauvais oeil par la population locale. Dernièrement, il a illustré Jours de destruction Jours de révolte avec les textes de Chris Hedges.
Lien : http://blog.spaceshipgraphic..
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Palestine

Une BD-reportage engagée qui montre la réalité de ce territoire martyrisé.

L'auteur est parti en Palestine lassé de la propagande américaine, pour être au cœur du conflit et auprès des Palestiniens pour offrir au monde la vérité.
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Palestine

Tout simplement un "must" de la BD-Reportage, sans doute ma BD préférée de Joe Sacco...
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