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Citation de Nastasia-B


Je m'effondre et pleure en silence. Ils disent aux villages que les coloniaux sont revenus, qu'ils ont brûlé, fusillé, traqué les rebelles et les sorciers. Me souviens… Une femme… Le manche d'une sagaie plantée dans son ventre brûlait encore. Près d'elle, un chien léchait le lait de ses seins qui avait coulé et s'était figé sur sa poitrine. Plus loin, son enfant gisait la tête éclatée. « Ainsi meurent les coloniaux », criions-nous. Nous nous repliâmes, le feu derrière nous. Me souviens, dès le lendemain de l'insurrection, de ces jeunes gens que l'on arrêtait, membres du parti ou simples valides, de ces vieillards que l'on disait influents et qui ne songeraient qu'à contester les bienfaits de la civilisation… Me souviens de mon amour gisant sur les rails, lourd des balles qui l'ont criblé, de mes pas que je frayais dans ceux des autres et qui dérivaient mon âme dans une défaite sans limites. Me souviens de ce corps — tant aimé — que je traînais et que je prétendais jeter au ravin. Je passais entre les tirailleurs, tête courbée, humilié. Les cheveux de mon amour balayaient le sol rouge de latérite et de sang. Je m'éloignais vers la forêt…

Première nuit, 5 novembre 1947 : I.
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