"_Sale temps aujourd'hui, on se croirait en Bretagne !
_Bonjour, répondit Hortense sans se retourner, pourquoi parlez-vous si fort, je ne suis pas sourde ?
_Ah ! Pardon, je croyais...
_Ça dépend des jours, vous savez, parfois, il y a des choses qui'il ne vaut pas mieux entendre."
"_Les gamins du village ne l'aiment pas, ils disent qu'il est méchant.
_Vous savez, quand on est différent, on n'est pas aimé. Les gens n'acceptent pas que l'on ne soit pas comme eux. Je dirais plutôt que ce sont les autres qui sont méchants envers lui, du coup, il est un peu sauvage et reste à l'écart."
"_Je suis là pour vous aider...à sortir de la rue, c'est pas un endroit pour vivre.
_Qui vous dit que je voulais vivre ailleurs ?
_Comment en êtes-vous arrivé là ?
Le clochard réfléchit un moment, ne pouvait-on pas lui foutre la paix ?
_C'est la loterie de la vie, tout le monde n'a pas la même chance.
_La chance finit par tourner parfois, ça peut s'arranger.
_Dans mon cas, je vois pas comment.
_En rencontrant les bonnes personnes."
"_A propos, condoléances pour ta maman. Ça a été rapide.
_Merci, la mort, c'est comme les enquêtes, il faut que ce soit vite bouclé. Quand c'est le moment, on y va, pas la peine de se retenir à de la souffrance."
"_On a reçu un faire-part de mariage aujourd'hui, c'est pour le quinze avril. Devinez qui nous l'a envoyé ?
Chacun réfléchit :
_Le cousin Julien ? interroge Théo.
_Perdu.
_Maud, demande à son tour François.
_Re-perdu.
_Emilie dit Emma.
_Elle est trop jeune ma chérie, elle n'a que quatorze ans !
Vous sonnez votre langue au chien ?
_On dit au chat maman.
_Oui, mais là, en l'occurrence, il s'agit plutôt du chien."
"_Alors, qu'en dit Gadget, demanda Nadine.
_On ne peur plus l'appeler ainsi, avoua Berlu, ni La bavure, il va falloir trouver autre chose. Larosière par exemple.
_Ce serait manquer de respect à Agatha Christie, dit Nadine qui connaissait ses classiques.
_"Ducon", tout simplement, préconisa Sam. "Dugrocon" même."
"_Tu te doutes que j'ai souvent pensé à ce moment-là. Personne n'est éternel, ni nos héros ni ceux qui nous sont chers. Je crains plus les séquelles que la mort en soi. Il vaut mieux mourir en bonne santé que diminué ou en état de légume."
"_C'est un beau métier, sûrement. Je comprends que cela te plaise, mais tu es encore jeune, prends le temps de réfléchir. C'est un travail physique qui demande beaucoup. Mais surtout, regarde autour de toi, le monde se mécanise, on n'aura bientôt plus besoin de charrettes. Le cheval va être remplacé par le tracteur. L'homme ne pourra plus se déplacer par son auto. Vois à Aix. Oh ! bien sûr, ce n'est pas forcément bien, mais c'est le progrès, on n'y échappe pas, crois-moi. Si tu n'avances pas, tu recules."
"C'est un esprit simple, qui ne connaît pas la méchanceté : l'homme ne naît pas méchant, il le devient. Lui est resté tel quel, innocent, instinctif, comme un animal."
"_Je comprends, mais ce n'est pas une excuse.
L'homme haussa les épaules.
_Je sais, mais il n'est pas facile de se débarrasser de la haine."