Les Regrets d’in faignant
O n’est poin à tort que je me chégrine
Car ’ai bin perdut, perdant ma mérine !
Quand a me vouïait a m’ pernait au cou,
A m’ biquait ous euils, m’ disant : « Mon fillou,
Pendant que t’es jéne, apprends vitement
A lire l’Escriture et le Testament ;
Tu galopes trot, va don à l’école ;
Je t’aimerai ben, vas-y don, mon drôle !
Ou ras de chez touë o y at in réjent
Qu’est in vrai boun homme et qu’est bin savant. »
Mais mouë j’aimais trot à m’ bailler des quergnes
Et à gasouiller, à d’rober des pernes !
Si j’ l’avais créïut, bin sûr et çartain,
Saurais-b’ in p’tit lire le grou et le fin ;
S’rais-b’ segrétain à vrépe, à la messe !
Mais je n’ seu qu’in sot, o faut qu’ j’ou confesse.