Il est bon de savoir que la violence à l'égard des femmes - que représentent notamment les avortements sexospécifiques, les infanticides de nouveau-nés de sexe féminin, les suicides, la mortalité en couche (pourtant évitable) - a provoqué au 20e siècle davantage de perte en vies humaines que tous les conflits armés et les guerres civiles. (Valérie M. Hudson, Sex and World peace, New York, Columbia university press, 2012, page 4)
Aucun groupe dirigeant ne renonce à sa position de supériorité sans combattre. L'esclavage n'a été aboli aux États-Unis qu'après une guerre civile dévastatrice. Le mouvement ouvrier a mené une lutte de classes qui a fréquemment provoqué des affrontements mortels et même carrément des révolutions. Les peuples colonisés ne sont, pour la plupart, parvenus à l'indépendance qu'après des luttes sanglantes de libération.
Ils s'insurgent aujourd'hui contre l'enseignement public qui réduit la main-mise de l'Église et de la famille sur les enfants, et sont totalement opposés à l'octroi de prestations d'assistance, à la sécurité sociale et l'assurance maladie publique, qui compromettent l'utilité des œuvres caritatives. Les églises ont vu leur emprise sur les pauvres, à travers l'aide aux familles, s'affaiblir. Ceux-ci n'ont plus besoin des organismes de bienfaisance. On parant en partie aux aléas de l'existence, la sécurité sociale a rendu moins irrépressible le recours aux prières et à l'assistance divine. L'État-providence a, de fait, beaucoup contribué à la sécularisation de l'Occident, et tous ces prédicateurs l'ont bien compris.
Nous avons, à longueur de temps, respiré les particules fines de la discrimination sociale ambiante, à laquelle, manifestement, nous participons. Nous nous efforçons de nous débarrasser des stéréotypes afin de poser sur les autres et sur nous-même un regard aussi impartial que possible. Nous sommes animés d'une volonté sincère de rencontrer les autres sans la moindre prévention. C'est là tout ce que nous pouvons faire. Peut-être contribuerons-nous ainsi à l'avènement d'une société dans laquelle chacun se sentira, y compris dans son moi intime, affranchis de tout préjugé. Et n'aura plus alors à affronter cet instant où, de façon subreptice, l'obturateur se déclenche.
« Une bonne bite, voilà ce qu'il lui faut ! » : ce cri de guerre a été lancée contre des adversaires féminines. Ce n'est pas le mot « bite » qui, dans ce slogan, s'avère le plus révélateur, mais bien l'expression « il lui faut » : la pénétration est présentée comme une mesure punitive et le pénis comme instrument d'exécution. Qu'on songe à la double signification du mot « verge », désignant à la fois une badine et le membre viril.
Mais, alors que l'impulsivité des femmes est considérée comme une marque de faiblesse, celle des hommes passe pour une preuve de leur force, de leur virilité et de leur puissance.
Partout où une religion s'érige en gardienne inflexible de la pureté du dogme, elle commence par humilier les femmes.