Pensez plutôt à Vivien Ancelet, étudiant les données comme un médecin tend l'oreille au souffle d'un enfant ou examine une échographie et voit une catastrophe où d'autres ne voient que des tâches. Ses poings se serrèrent, les tendons bien visibles. S'il vous est impossible de concevoir que les chiffres puissent exercer un tel pouvoir sur un être humain, imaginez plutôt l'un de ses homologues historiques : vous êtes le tuteur qui a senti chez le jeune Caligula quelque chose d'étrange ; l'indigène qui distingue à l'horizon une deuxième voile blanche, derrière la première ; le chien qui perçoit les frémissements de tsunami prêt à s'abattre sur la Crète et à éliminer le peuple minoen, mais conscient que personne ne lui prêtera attention, même s'il aboie.