Adele Faber

en disant à un enfant qu'il ne ressent pas ce qu'il ressent, on le dépouille de sa protection naturelle. Mais ce n'est pas tout. On le rend également confus, on le désoriente, on le désensibilise. on le force à se construire un monde faux, fait de mots et de mécanismes de défense qui n'ont rien à voir avec sa réalité intérieure. On le sépare de ce qu'il est. Et quand on ne lui permet pas de connaître ce qu'il ressent, je crois qu'il devient moins capable d'être sensible aux autres.
Par contre, quand on reconnaît comme réels les sentiments d'un enfant, quel cadeau magnifique on lui offre : la force d'agir de son propre chef, la possibilité d'avoir un cœur sensible aux autres et l'occasion d'être en contact avec un être humain tout à fait unique : lui-même !

Mais si vous pouvez créer, dans votre foyer, le genre de climat où vos enfants se sentent libres d'exprimer leurs sentiments, il y a de fortes chances pour qu'ils soient davantage disposés à vous écouter quand vous exprimez les vôtres.

- C'est quoi un compromis ? demande Bastien.
(...)
- Parfois, tu fais ce que tu aimes et d'autres fois, tu fais ce que l'autre personne aime ... Ou bien des fois, tu trouves une toute nouvelle idée que vous aimez tous les deux. Le Truc, c'est d'essayer ensemble de trouver quelque chose qui est bon pour chacun de vous.

Mais bien au-delà du vocabulaire, ce qui compte le plus, c'est l'attitude. Si notre attitude ne repose pas sur la compassion, tout ce que nous nous disons sera perçue par l'enfant comme mensonger et manipulateur. C'est lorsque nos paroles sont empreintes d'un véritable sentiment d'empathie qu'elles parlent directement au cœur d'un enfant.
Parmi les quatre habilités que vous venez de voir dans les bandes dessinées, la plus difficile à maîtriser et sans aucun doute celle qui consiste à écouter le flot de paroles d'un enfant, puis à nommer le sentiment. Il en faut, de l'exercice et de la concentration, pour en arriver à regarder plus loin, au-delà des paroles de l'enfant, en vue de nommer ce qu'il est en train de ressentir. Cependant, il est important de fournir à nos enfants un vocabulaire leur permettant de donner un nom à leur réalité intérieure. Une fois qu'ils possèdent les mots pour désigner ce qu'ils vivent, ils peuvent se mettre à s’aider eux-mêmes.
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Ce qui me plaît dans ces techniques c'est l'autorité que leur utilisation m'a procurée.
[...]
Ma détermination inébranlable qu'aucune violence ne serait tolérée à la maison l'emportait sur leur agressivité. Et en fin de compte je voyais qu'ils étaient reconnaissants d'avoir un parent assez attentif pour les protéger l'un de l'autre.

Les enfants ressentent souvent un compliment fait à propos d'un frère ou d'une soeur comme une dévalorisation d'eux-mêmes.

Une dernière pensée : ne restons pas, nous non plus, confinés dans des rôles : le bon père ; le mauvais père ; la mère permissive ;, la mère autoritaire. Percevons-nous d'abord comme des êtres humains, qui jouissent d'un grand potentiel de croissance et de changement. Elle est exigeante et épuisante, la démarche qui consiste à vivre ou à travailler avec des enfants. Elle exige du cœur, de l'intelligence et de l'endurance. Quand nous ne vivons pas à la hauteur de nos propres attentes (et c'est compliqué de toujours le faire), nous devons être aussi indulgents envers nous-mêmes qu’envers nos enfants. S’ils méritent mille et unes chances, accordons-nous mille et deux chances.
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Quand on insiste pour que les frères et sœurs s'aiment, ils finissent par se détester. Quand on permet aux frères et sœurs d'exprimer leurs sentiments négatifs les uns envers les autres, ils finissent par s'aimer.

Quand une personne , quel que soit son âge, connait un moment de détresse,elle n'a pas besoin d'un accord ou d'un désaccord: elle a besoin que quelqu'un reconnaisse ce qu'elle est entrain de vivre.

Je n'aime pas utiliser la télé comme une gardienne, mais quand je prépare le souper, je ne veux pas d'enfants qui me marchent sur les pieds ou se querellent entre eux. Des suggestions?

Une mère que nous connaissons a résolu le problème d'excès de télé en transformant la période de préparation de souper en heure de conte familiale. Elle a di à ses enfants qu'elle adore écouter des histoires quand elle prépare le repas. Elle leur a demandé d'apporter leurs livre préférés à la cuisine et de lire à haute voix, pour elle et pour les autres, pendant qu'elle travaille.
Les enfants ont adoré l'idée. Ils ont fièrement sélectionné des histoires qu'ils avaient envie de lire et ont beaucoup apprécié s'écouter les uns les autres. La mère a signalé plusieurs avantages : les enfants regardent moins la télé, leur niveau de lecture et de vocabulaire se sont améliorés; ils se disputent moins entre eux. Et surtout, l'ambiance agréable continuait pendant l'heure du repas et les histoires alimentaient les discussions familiales.