Entre ces chansons qui nourrissaient mon enfance et le monde qui m'entourait se tissaient de mystérieuses correspondances : ainsi je ne pouvais entendre "L'âme des poètes" sans imaginer, allez savoir pourquoi, le pont de l'Europe enjambant l'enchevêtrement des rails de la gare Saint-Lazare (...)
Avec ces chansons qui appartenaient à l'univers des adultes, j'écrivais une nouvelle page de ma mémoire. Déjà, je me sentais balancer, petit funambule, sur le fil qui m'éloignait de mon enfance. De celle-ci, me restaient des refrains que le grand garçon en devenir allait bientôt avoir honte de fredonner, tant leurs parfums me paraissaient trop sucrés.
(Philippe Grimbert)