- Toi qui as tant voyagé, je me demandais si tu connaissais l'Instant plus que parfait ?
- Je ne connais pas l'Instant plus que parfait de ta conférence. Mais je crois comprendre un peu. Dans tous les pays que j'ai traversés, j'ai découvert des hommes qui cherchaient. Devenir plus heureux, ne plus souffrir, c'est une revendication qui traverse le monde et les âges. Certains pensaient même que souffrir faisait partie de notre condition humaine. D'autres avaient réussi à trouver cette paix dont tu parles. Au-delà de la souffrance. Ils découvraient qui ils étaient vraiment. Quelque chose de plus grand que leur petite personne.
- Et toi, tu l'as trouvé ?
- Oui.
- C'est merveilleux ! Et ça a changé quoi ?
- Rien et tout. Je vis dans le même monde. Et en même temps, cette vie est vécue, tout simplement. Au-delà du moi. Avec un sentiment d'unité avec toute chose.
- Mais comment tu as fait ?
- Il n'y a rien à faire. Tout est déjà là.
Le passé reste toujours tatoué quelque part sur la peau.
Mon corps frêle et mince n'oublie pas. Mon caractère de combattante solitaire n'oublie pas. Ma méfiance et mon hypersensibilité non plus. Mais la vie est un long fleuve puissant, capricieux et inattendu. Elle me reprend dans son flux et me dépose sur une autre terre pour m'y replanter.
La greffe prend: résiliente, je peux me déployer à nouveau.
Alors écoute. Le Je majuscule est toujours là : c'est toi qui n'y est pas toujours ! Reste présente, reste simplement dans le sentiment d'exister.