Les nouvelles techniques de l'escalade artificielle et l'arrivée du téléphérique à une heure du pied de la paroi [sud] donnèrent le coup d'envoi. « Un matin de 1956, le guide Gaston Rébuffat descendit de la cabine et cueillit ce fruit qui n'est plus défendu avec un peu d'effort et peu de pitons. Applaudie de tous, la voie « Rébuffat » fait l'unanimité de la critique et devint une voie de référence sur un granit de cinéma. C'était la première couenne – argot de l'escalade sportive désignant les voies très courtes mais difficiles-, qui avait le mont Blanc pour toile de fond » écrivit le grimpeur suisse Romain Vogler, lui-même créateur de voies dans la face.
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Les austères et raides couloirs de la face nord, autrefois gravis à grand-peine par les alpinistes, sont aujourd'hui descendus à skis et en surf par des sortes de kamikazes, des skieurs extrêmes ou des « free riders ».
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La terrifiante « benne » de service [utilisée pour la construction du téléphérique]
Une benne ? Quel terme pompeux pour désigner un plateau d'un mètre carré suspendu aux quatre coins par des chaînes au chariot porteur, constitué par quatre petites poulies grandes comme des soucoupes. S'installer est déjà tout un problème. Le plateau joue très exactement le rôle du canoë dans lequel un naufragé s'épuise à remonter, se renverse vers celui qui cherche à s'y rétablir, et, à l'instant où la manœuvre semble réussir, lorsqu’un grand élan vous a jeté sur lui, vous bascule de l'autre côté. On tient cependant à deux sur ce minuscule esquif qui va voguer au-dessus des nuages. Deux hommes serré l'un contre l'autre, à demi enfouis sous les sacs, des cordes, des ferrailles, des pièces de rechange que l'on attend là-haut. Cramponnés aux chaînes de suspension, les poulies du chariot contre la joue, on assure ses talons sur le bord inférieur du plateau qui, presque horizontal au départ, du fait de la flèche très prononcée du câble porteur, prend peu à peu une inclinaison impressionnante, de sorte que le passager, parti couché, ; arrive debout.
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Dès le XIXe siècle, dans l'euphorie du progrès industriel et des débuts du tourisme, on conçut des projets d'équipement de haute montagne qui laissent rêveur aujourd'hui. Forts du succès des chemins de fer à vapeur, de l'invention de la crémaillère, roue dentée qui permettait aux trains de gravir de fortes pentes, et de celle du câble en acier très résistant grâce auquel on construisit des téléphériques industriels en plaine, les ingénieurs se mirent à rêver de trains gravissant le Cervin et le mont Blanc.
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Jean-Joseph Blanc dit « le Greffier » (1842-1914) passa le col du Géant [altitude 3365m] avec quatre cents moutons pour ravitailler Chamonix. […] Progressant très lentement avec la seule aide de ses fils, il conduisait le troupeau de l'autre côté de la frontière en traversant quelque col glaciaire considéré comme infranchissable, sauf par des alpinistes.
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Les eaux turquoises du lac d'Allos, le plus grand lac naturel d'altitude des Alpes, et son cirque de tours rocheuses déchiquetées, forment l'un des plus beaux sites des Alpes du Sud.
Les refuges ont-ils une âme? Les gardiens acquiesceraient certainement.
Le refuge de Chalance est sans doute le plus petit refuge de l'Oisans, l'un des plus hauts et des plus attachants. Peu connu, car il ne donne accès à aucun sommet prestigieux ou itinéraire de grande randonnée, c'est pourtant un magnifique but de balade.
Le fait d'être femme, l'interdiction de certaines régions, les dissuasions, tout cela ne sont que raisons supplémentaires pour s'y rendre. Façon de s'affirmer et de montrer ce qu'une faible femme, mais anglaise, peut faire. Enfin, d'exister par elle-même.
Partez tôt pour atteindre ce "bout du monde" paisible, l'alpage de la Muzelle. Le chemin est long et il y fait souvent chaud en été. Cela laissera l'après-midi pour profiter du joli lac où se mire la roche de la Muzelle et goûter l'ambiance.