Et le dîner continua sur cette lancée ordinaire. De toute façon, dans cette famille, c'était toujours une flopée de diatribes et de disputes pendant les repas ; nous sortions de table aussi essoufflés par nos affrontements que rassasiés des plats copieux de madame Boivert. Noélie, qui venait de débarquer chez nous, ne semblait pas s'en émouvoir outre mesure. Ce qui la choquait vraiment, c'était notre ignorance crasse des enjeux politiques du pays dans une période aussi tourmentée. Elle ne concevait pas que nous puissions être si indifférents à la montée du fascisme, surtout avec un grand frère aussi engagé.