Les Carnets recèlent de nombreuses citations d'artistes et d'intellectuels. Par le biais d'approbations ou de contestations de ces écrivains et philosophes admirés (1) ou non, Camus entretient un dialogue avec eux. Il s'agit souvent de préciser une question littéraire ou philosophique. A partir de citations ou d'allusions se créent des réseaux de réflexions, notations et projets d'écriture. Par exemple, telle citation de Nietzsche développe sur quelque dix années une constellation de notes autour des pouvoirs de la beauté
(1) Vigny, Stendhal, Delacroix, Constant, Tolstoï et Montherland sont chers à Camus dans la mesure où ils ont eux-mêmes écrit des Journaux ou des Carnets. Lire d'autres journaux, c'est entrer dans le cercle des grands diaristes, s'y positionner par le commentaire admiratif ou désapprobateur - François Simonet-Tenant, Le Journal intime)
A côté de l'oeuvre que l'on sait, les Carnets ne déparent pas. Au coeur de cette écriture fragmentaire, l'exigence artistique de Camus est tout aussi manifeste ; et c'est à ses Carnets qu'en 1937 - il a alors vingt-quatre ans - il confie sa certitude, qui ne se dmentira pas : "Ecrire, ma joie
profonde !"
«Camus... un écrivain qui se montra plus brillant dans les drames qu'il écrivait que dans ceux que nous avons vécus»
C'est la vie et voilà tout ! Et la vie exige une solidarité. Telle est la signification de «La Peste» (de Camus)»
Tous les hommes portent la peste en eux et il est des gens qui ne le savent pas ou qui se trouvent bien dans cet état, et des gens qui le savent et qui voudraient en sortir»