Vienne fut pour lui une découverte en forme d’émerveillement. Il ne se lassait point de parcourir les avenues, d’admirer les monuments, de visiter les églises. Pour lui, Vienne – chef-d’œuvre de lignes et de pierres – incarnait la quintessence d’une civilisation où le raffinement de la vie devenait humanisme. Pouvait-il se douter qu’à la même époque, un autre jeune Autrichien, découvrant Vienne à son tour, ne ressentait que de la haine et définirait la capitale comme « l’incarnation de la honte du mélange des sangs », stigmatisant sans relâche un « véritable conglomérat de peuples parmi lesquels on retrouvait, comme l’éternel champignon vénéneux de l’humanité, des juifs et toujours des juifs » ? Ce jeune Autrichien s’appelait Adolf Hitler. Il venait d’échouer à l’école des Beaux-Arts et, sans ressources, était devenu le client assidu des soupes populaires.