On met de l'eau dans son vin, goutte après goutte, insensiblement, jusqu'au jour où l'on constate qu'il y a moins de vin que d'eau dans le verre. Encore n'est-ce que demi-mal si l'on reste assez lucide pour apprécier l'étendue des dégâts. En général, les personnes qui se transforment d'une façon à ce point radicale ne sont pas conscientes de leur métamorphose. Elles oublient qui elles ont été. Avec, circonstance aggravante, une sensation d'intime soulagement dans la plupart des cas.
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