Quels prodiges d'ingéniosité n'a-t-on pas dépensés sur la petite scène de la rue Chaptal pour créer, avec des ressources pourtant réduites de mise en scène, les atmosphères les plus angoissantes, les plus hallucinantes et pour renouveler des sujets dont la variété ne paraissait pas, de prime abord, inépuisable !
(extrait du postface inséré à la dernière page du numéro 652 de "La Petite Illustration" parue le 9 décembre 1933)
Il manquait à la peur cette consécration suprême d'avoir son théâtre, son public, d'attirer tous les soirs à la même heure une foule avide de frissons.
C'est seulement au début de ce siècle qu'elle a passé du livre sur les planches.
Une telle affirmation trouvera peut-être des incrédules : le théâtre d'épouvante, m'objectera-t-on, est vieux comme le monde, et l'on me rappellera qu'à la représentation des Euménides d'Eschyle, vers l'an 460 avant Jésus-Christ, l'entrée des terribles déesses provoqua une véritable panique.
Des femmes avortèrent, des enfants moururent, plusieurs spectateurs furent frappés de folie.
Je n'en disconviens pas et je reconnais que les dramaturges du genre "Grand-Guignol" peuvent se réclamer d'un illustre modèle.
Mais si, de l'Orestie aux Deux orphelines, la terreur et la pitié furent toujours les grands ressorts du drame, le théâtre qui recherche la peur pour moyen d'action principal - je ne dis pas pour but - est d'invention récente, il répond à un besoin propre au temps où nous vivons ...
(extrait de la préface de l'anthologie "les maîtres de la peur" réalisée par André de Lorde et Albert Dubeux et parue, en 1927, aux éditions de la "Librairie Delagrave" à Paris)
Depuis qu'ils ont succédé, il y a quatre ans, à Mr Lugné-Poe, Mme Paulette Pax et Mr Lucien Beer se sont appliqués à conserver à son théâtre l'esprit qui y avait toujours présidé et qui y avait fait sa réputation exceptionnelle.
Tout en s'ouvrant plus largement au grand public, l'Oeuvre a continué à être un théâtre d'avant-garde et d'essai pour les jeunes auteurs.
Elle a contribué par son intelligent effort à acclimater chez nous quelques-unes des productions les plus significatives de la littérature dramatique étrangère et elle a aussi accueilli de grands auteurs français...
(extrait du postface consacré au théâtre de l'Oeuvre et inséré en dernière page du numéro 322 de "La Petite Illustration" parue le 20 mai 1933)
...Aimé du public, ce théâtre est un de ceux où la critique a le moins souvent l'occasion d'être conviée. Cela n'est pas seulement l'effet de la chance, mais de l'heureuse perspicacité avec laquelle une direction avisée choisit ses auteurs, ses acteurs et du soin méticuleux dont elle entoure la présentation scénique de ses spectacles.
(extrait de l'article placé en postface du numéro 334 de "La Petite Illustration" paru le 28 octobre 1933 et présentant "3 et une" la pièce de Denys Amiel)
Après avoir connu de nombreux et magnifiques succès dont le dernier fut "l'Animateur" d'Henry Bataille, Alphonse Franck cédait la direction en 1919 à Mr Henry Bernstein, qui a fait jouer depuis au Gymnase toutes ses nouvelles pièces, entre autres : la galerie des glaces, en 1924 ; Félix, en 1926 ; le venin, en 1927 ; Mélo, en 1929 ; le jour, en 1931 sans préjudice des reprises, comme celle du voleur, qui vient de succéder à 145, Wall-Street.
(extrait du postface consacré au théâtre du Gymnase et inséré en dernière page du numéro 318 de "La Petite Illustration" parue en mars 1933)
On lit comme on voyage
une bouffée d’air
cavale au fond de soi
on la sent, on la couve
du bout de sa bulle,
puis tendrement on l’use
au soleil on la dompte
pour qu’une fois rendue
au bout de la page vierge
ivre et repu
on se sente moins seul
sur le quai en attente
du prochain partage.
Le livre est un voyage
de l’immobile
du tout possible
dans l’immobile.
On lit comme on aime
on lit comme on voyage
à un, à deux, parfois plus.
à bouche sèche
comme j'aurai lapé
vos terres à parler
Edith Masson