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Citation de Cielvariable


Debout devant la mer, Mary.

Dans ses bras, sa poupée. Une poupée de chiffon que lui a offerte un homme au tricorne noir. Dans sa main, une pierre plate. Une pierre à l’angle tranchant qui lui blesse la paume tant la fillette la presse entre ses doigts. Mais elle a besoin d’avoir mal, Mary, pour oublier le vent qui la transperce de son froid.

Du haut de ses six ans, elle regarde la mer. Une mer qui ronfle et fait le dos rond avant d’étaler des coups de langue sur les bancs de sable et de tremper les jambes des ramasseurs de varech.

Un sourire éclaire soudain le visage de la gamine.

— Le voilà ! annonce-t-elle à sa poupée. Willy a eu raison de m’envoyer sur la plage pour surveiller la mer à sa place.

Un navire blanc creuse sa route dans les flots. Il a surgi d’un coup, semblable à une grande mouette brusquement tombée du ciel. Mary ne voit plus que lui sur l’eau. Effacés, les bateaux de pêche pas plus gros que des moineaux ! Le regard de Mary passe à travers les ramasseurs d’algues et leurs charrettes attelées à des bœufs, et il va s’ancrer sur les voiles de la frégate qui pénètre dans l’estuaire.

— Papa est enfin de retour, dit-elle avec l’impression d’avaler des bouffées d’air. Papa revient ! Papa est là ! se met-elle à claironner à la cantonade, appelant les hommes et les femmes à partager le bonheur qui l’étouffe.
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