De la même façon, quand beaucoup d'écrivains recevaient des aides financières de l'Institut allemand, Céline n'accepta jamais d'argent des nazis. Il refusa aussi de vendre des articles aux journaux, préférant exprimer son point de vue dans des lettres enragées. En bref, en tant que franc-tireur aussi bien dans le domaine politique que littéraire, il se sentait libre de dire et d'écrire ce qu'il voulait. Ainsi, même s'il partageait en grande partie leurs vues, il détestait les journalistes de « Je suis partout » qu'il traitait de « club enfiévré d'ambitieux petits pédérastes. » Il prenait aussi grand plaisir à donner spontanément des conseils aux Allemands.
Dans de nombreux endroits, on s'en prit également aux femmes, accusées de « collaboration horizontale », c'est à dire d'avoir couché avec l'ennemi. Des milliers d'entre elles furent tondues en public, d'autres furent déshabillées et promenées nues au milieu de foules en furie. Ce n'était pas beau à voir. « J'ai vu un groupe de voyous qui bousculaient et frappaient une femme à qui on avait rasé le crâne, se rappelait Michel Francini. Elle était nue et on lui avait peint une croix gammée sur la poitrine. Ils étaient saoûls. » Certaines de ces femmes étaient des prostituées mais d'autres avaient eu des relations plus durables.
Galtier-Boissière n'était pas convaincu du nouvel engagement de Picasso. Dans « Mon journal depuis la Libération », il écrit : « La vérité que tous les artistes connaissaient, c'était que Picasso avait très peur de perdre son immense fortune. En rejoignant le parti communiste, il obtenait une garantie, et certains avancent même le montant exact de la récompense.
Que penser d'écrivains français qui, pour être sûrs de ne pas déplaire à l'autorité occupante, décident d'écrire de tout sauf de la seule chose à quoi les Français pensent, bien mieux, par leur lâcheté, favorisent le plan de cette autorité selon lequel tout doit paraître en France continuer comme auparavant ?
Les intellectuels fascistes d'avant guerre au moins étaient conséquent quand ils célébraient la victoire nazie.Pour eus , le discours pieux et catholique de Vichy leur paraissait déplacé , et son vieux chef et son gouvernement médiocre étaient manifestement incapables de sauver le pays. Ils estimaient plutôt que la défaite ouvrait la voie à un avenir différent où la France trouverait sa place dans la nouvelle Europe d'Hitler.
Si les zazous soignaient leur code vestimentaire, beaucoup de Parisiens s'efforçaient surtout de rester élégants, et d'avoir chaud, à une époque où les produits indispensables comme la laine, la soie, le cuir manquaient ou, plutôt, étaient envoyés en Allemagne.