Assis sur ma solitude
Comme sur une branche morte
Qui menace de rompre
Je rêve d'apprendre à voler
Vers l'autre
(p. 70)
Ô matin d'ivresse
Je navigue
dans le rire des oiseaux.
Bientôt, ô Jean-Paul, pleurant de gratitude
À la seule vue de la houle de graminées qui viennent
Onduler au vent en ressac de bannières nacre et argent
Je sentirai dans la mémoire musicale de mes muscles
Le geste de mes ancêtres qui essartaient les ténèbres
Pour laisser respirer le ciel
(p. 92)
Suzerain des riens somptueux
J'accueille avec ravissement
Les merveilles qui me renouvellent
Chaque jour leur allégeance de la veille
Père, en rentrant hier soir
J'ai trouvé le cèdre mort
Moitié debout moitié à terre
Et ce matin le soleil et son tronc
Lui creusent ensemble une profonde
Tombe bleue dans la neige
Adieu caravelle de mes rêves
Qui a largué ses amarres à la tempête
Adieu grands parasols des beaux jours d'été
Adieu balançoires pour les oiseaux
Adieu toboggans de mes chers écureuils
"Défoulement, déferlement d'herbes farfelues, à tout bout de champ; le vent bleu horizon saigne les coquelicots. " (Cassingena-Trévedy)
"Avril est arrivé dans une multitude de fleurs jaunes
Le ruisseau était jaune, le sentier était jaune,
et la colline, et les tombes des enfants
et le verger où, jadis, vivait l'amour.
Le soleil imprégnait le monde du jaune
de ses rayons. Il y avait des lys dorés
et des eaux cuivrées, chaudes et miroitantes.
Des papillons jaunes perchés sur des roses jaunes,
Des guirlandes jaunes grimpant le long d'arbres jaunes."
La lumière du jour était un don de parfum ambré
dans une renaissance chatoyante.
Ode au jaune de Juan Ramon Jiménez
J’ai toujours aimé t’offrir
la dernière rose du jardin
son ultime « baiser de velours »,
avant le « cri nu des épines »
La dernière rose du jardin
encore close dans son bouton
comme un nœud de lèvres humides
délié par le souffle à venir.
fin du poème de Cécile Coulon
" ...la seule chose qui continue
de te suivre silencieusement
c'est ton ombre."
Merveilleux courriel du cher Yves Gross, dont le sujet La rose et l'éboueur sonne comme le titre d'un conte qu'il me plaît de livrer tel quel:
" Le camion chargé du ramassage des poubelles est de passage dans la rue principale. Au moment de pendre celle du no 22, l'éboueur avise les roses qui cascadent par-dessus la clôture du voisin jusque sur la voie et porte l'une d'elles à son nez pour en saisir les fragrances. Une fois le bac vidé, il la prélève avec sa main gantée, saute sur le marche pied et tient le trophée près de ses deux narines jusqu'à la halte suivante... Pour lui, un "petit rien somptueux"..."