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Citation de art-bsurde


La destruction des livres de l'Amérique précolombienne illustre bien la peur qu'inspire aux puissants les vertus subversives de l'écrit. Il arrive même que la destruction par le feu ne leur paraisse pas suffisante. Les bibliothèques sont, par essence, non seulement des affirmations mais aussi des remises en cause de l'autorité du pouvoir. Qu'ils soient conservatoires de l'histoire ou sources pour l'avenir, guides ou modes d'emploi pour des temps difficiles, symboles d’autorités passées ou présentes, les livres d'une bibliothèque représentent plus que leur contenu collectif et, depuis les origines de l'écriture, on les a considérés comme une menace. Peu importent les raison de la destruction d'une bibliothèque : interdiction, réduction, déchiquetage, pillage ou mise à sac ont tous pour effet le surgissement (au moins en tant que présence fantomatique) d'une collection plus voyante, plus évidente et plus durable de tous les livres interdits, pillés, mis à sac, déchiquetés ou tronqués. Ces livres peuvent n'être plus consultables, ils peuvent n'exister que dans le souvenir imprécis d'un lecteur ou dans la mémoire, plus imprécise encore, de la tradition et de la légende, mais ils ont acquis une sorte d'immortalité.
«  Nous n'avons que du mépris, écrit Tacite au 1er siècle, pour l'aveuglement de ceux qui croient pouvoir, d'un geste arrogant, éteindre jusqu'à la mémoire de la postérité. En réalité, leur sentence augmente le prestige des nobles intelligences qu'ils souhaitent réduire au silence, et des potentats étrangers, ou tous autres, qui ont appliqué semblable violence n'ont rien obtenu que la honte pour eux-mêmes et une renommée durable pour leurs ennemis. »
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