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Citation de Cricri124


« Quel est ce coquin puissant ? » dit Renzo du ton d’un homme qui a résolu d’obtenir une réponse précise, quel est ce méchant qui ne veut pas que j’épouse Lucia ?
— Quoi donc ? quoi donc ? balbutia le pauvre curé avec un visage devenu en un instant aussi blanc et aussi flasque qu’un chiffon sortant de la lessive ; et, tout en grondant sourdement, il fit un saut de dessus son grand fauteuil pour s’élancer vers la porte. Mais Renzo, qui s’attendait à ce mouvement et se tenait sur ses gardes, s’y jeta d’un bond avant lui, donna un tour de clef et mit cette clef dans sa poche.
— Ah ! ah ! parlerez-vous, maintenant, seigneur curé ? Tout le monde sait mes affaires, excepté moi. Je veux, morbleu ! les savoir aussi. Comment s’appelle-t-il, cet homme ?
— Renzo ! Renzo ! de grâce, prenez garde à ce que vous faites ; songez à votre âme.
— Je songe que je veux le savoir tout de suite, à l’instant.
Et, en parlant ainsi, il mit la main, sans peut-être s’en apercevoir, sur le manche du couteau qui sortait de sa poche.
« Miséricorde ! » s’écria d’une voix éteinte don Abbondio.
— Je veux le savoir.
— Qui vous a dit ...
— Non, non, plus de chansons : parlez clair et tout de suite.
— Vous voulez donc ma mort ?
— Je veux savoir ce que j’ai motif de savoir.
— Mais, si je parle, je suis mort. Ne dois-je pas prendre intérêt à ma vie ?
— Donc, parlez.
Ce « donc » fut prononcé avec une telle énergie, l’air de figure de Renzo devint si menaçant, que don Abbondio ne put même plus supposer la possibilité de désobéir.
— Vous me promettez, vous me jurez, dit-il, de n’en parler à qui que ce soit, de ne jamais dire ... ?
— Je vous promets que je vais faire quelque sottise, si vous ne me dites à l’instant le nom de cet homme.
A cette nouvelle adjuration, don Abbondio, avec le visage et le regard de celui qui a dans sa bouche tes tenailles de l’arracheur de dents, prononça : « Don ...
— Don ? » répéta Renzo, comme pour aider le patient à mettre au jour le reste ; et il se tenait penché, l’oreille sur la bouche du curé, les bras tendus et les poings serrés en arrière.
« Don Rodrigo ! » dit rapidement le malheureux, précipitant ce peu de syllabes et glissant sur les consonnes, tant par l’effet de son trouble que parce que, appliquant le peu de liberté d’esprit qui lui restait à faire une transaction entre ses deux peurs, il semblait vouloir soustraire et faire disparaître le mot, dans le moment même où il était contraint à le faire entendre.
— Ah ! le chien ! hurla Renzo.

CHAPITRE II.
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