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Citation de ValZer


Volontiers, les Maîtres des Enseignements secrets rappellent à leurs élèves l'antique parabole bouddhique du radeau.

Le voyageur à qui une rivière barre le chemin se servira d'un radeau pour gagner la rive opposée, mais celle-ci ayant été atteinte, il ne chargera pas le radeau sur ses épaules pour l'emporter. Il l'abandonnera comme un objet devenu inutile.

Ce radeau représente les moyens de toutes natures, entraînement intellectuel ou discipline morale, qui s'offrent comme capables d'amener à « l'autre rive » l'aspirant à la libération. Sur celle-ci l'un et l'autre ont perdu leur valeur; ils sont sans rapport avec les conditions prévalant sur « l'autre rive » et, pareils au radeau de la parabole, ils n'y seraient plus qu'un fardeau inutile. Toutefois, cette ''autre rive'' n'est elle-même qu'une expression figurée. Elle n'est située nulle part et elle est partout.

L'autre rive, c'est le ''par delà'' de toutes nos conceptions et c'est pourquoi elle a pour équivalent le ''shésrab pharol tu tchinpa'', l'aller au delà de tout ce qu'il y a de plus haut: la sagesse transcendante parce qu'elle, aussi, est une conception de notre esprit et rien de plus qu'un radeau permettant le passage: le meilleur, le plus sûr des radeaux, mais que la vue pénétrante (lhag thong) montre pour ce qu'il est en réalité, c'est-à-dire un instrument.

Et puis, aborder à l'autre rive, est-ce là atteindre un but définitif? C'est ce que s'imaginent la majorité des bouddhistes. Cependant le point de vue est différent dans les Enseignements secrets.

L'homme qui a traversé la rivière se reposera peut-être pendant quelque temps sur le bord qu'il a atteint, mais au delà de celui-ci s'étend un pays à parcourir, l'homme se lèvera donc et continuera son voyage. Le passage de la rivière, l'atterrissement sur la rive opposée ne sont qu'une étape.

Etape vers quelle destination? Les mystiques taoïstes nous ont légué une déclaration énigmatique à laquelle souscrivent pleinement les Maîtres des Enseignements secrets qui, sous une forme à peine différente, en présentent le problème à leurs élèves.

''Le pays qui n'est nulle part est le véritable chez soi''.

D'ailleurs, existe-t-il un voyageur qui effectue un passage? Existe-t-il un quelqu'un qui aborde à une autre rive,

S'il en était ainsi, ce voyageur porterait avec lui ce ''côté ci'' dans le « par delà », comme l'on transporte d'un endroit à un autre la poussière attachée aux semelles de ses souliers. Le voyageur transformerait « l'autre rive » en cette « rive ci » parce que ici et là sont en lui, sont lui et qu'en dehors de l'esprit qui pense « ici » et « là » il n'y a point d'autres « ici » et « là ».

Passer par delà les vertus, les vices, les opinions, les croyances, c'est passer par delà les constructions mentales que l'esprit édifie sans trêve et reconnaître, par la vue pénétrante, qu'elles sont vides de réalité. C'est aussi reconnaître, par la vue pénétrante, que celui qui a été imaginé comme pratiquant des vertus, s'abandonnant à des vices, comme professant des opinions et élaborant des théories, comme s'acheminant vers un but et l'atteignant n'est qu'un fantôme inconsistant, vide de réalité.
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