Citations de Alexandra David-Néel (390)
Choisissez une étoile, ne la quittez pas des yeux. Elle vous fera avancer loin, sans fatigue et sans peine
Je suis une sauvage mon bien cher, mets toi cela en tête. Toute la civilisation occidentale me dégoûte. Je n'aime que ma tente, mes chevaux et le désert.
Correspondance avec son mari, Philippe Néel.
Il fait froid et triste quand on demande aux êtres de vous être un soutient, de vous réchauffer, d'alléger le fardeau de misère inhérente à toute existence. Nul d'eux n'a réellement le souci de le faire, nul d'eux ne le peut vraiment. C'est en soi qu'il faut cultiver la flamme qui réchauffe, c'est sur soi qu'il faut s'appuyer.
« La vie en agit souvent à l’égard des hommes comme on le fait des animaux. Les tourmentant trop pour qu’ils vivent, et trop peu pour qu’ils meurent. »
Une fois en route, tout se simplifie.
Pendant des jours, nous marchions dans la demi-obscurité d'épaisses forêts vierges, puis, soudain, une éclairicie nous dévoilait des paysages tels qu'on n'en voit qu'en rêve. Pics aigus pointant haut dans le ciel, torrents glacés, cascades géantes dont les eaux congelées accrochaient des draperies scintillantes aux arêtes des rochers, tout un monde fantastique, d'une blacheur aveuglante, surgissait au-dessus de la ligne sombre tracée par les sapins géants.
Nous regardions cet extraordinaire spectacle, muets, extasiés, prêts à croire que nous avions atteints les limites du monde des humains et nous trouvions au seuil de celui des génies.
« Celui qui voyage sans rencontrer l’autre ne voyage pas, il se déplace » .
Souffrir est absurde et laid. Toute souffrance est un désordre... Mieux vaut s'accommoder des choses, ou les briser que de pleurer à la lune.
Le nom de "vallée de l'ombre qui lui a été donné est pleinement justifié.L'atmosphère y est toute imprégnée de cette terreur sacrée qui émane des lieux où Shiva règne.
" Le jour où l'on renonce à manger du poulet c'est qu'on y tient plus beaucoup ou que l'on préfère à la saveur du poulet, celle des principes au nom desquels on y renonce." Vérité absolue. Et tout l'enseignement du Bouddha est là. Il n'a jamais demandé aux gens [...], de se mutiler moralement ou physiquement par la renonciation. Il leur a simplement dit de regarder, d'analyser, de se rendre compte de la valeur des choses et de se décider ensuite. Le bouddhiste ne renonce qu'à ce à quoi il ne tient plus parce qu'il en a mesuré le vide, le néant.
A l'origine de toute connaissance, nous rencontrons la curiosité ! Elle est une condition essentielle du progrès.
Peu de paysages possèdent à un égal degré la majesté sereine et charmante que respire la vallée du Nou tchou. De grands sapins solitaires déssinaient leur silhouette imposante sur un arrière-plan de feuillage automnal dont l'or imitait un fond de mosaïque byzantine. Des cyprès s'alignaient en avenue mystique, close, au loin, par la ligne turquoise de la rivière. Un air de gracieux mystère enveloppait toutes choses. Il me semblait marcher à travers les images d'un vieux livre de légendes et je n'aurais été que modérément étonnée, eussé-je surpris un conciliabule d'elfes siégeant sur les rayons du soleil, ou atteint le palais de la Belle au bois dormant.
"En ce temps-là, le musée Guimet était un temple.
C’est ainsi qu’il se dresse, maintenant, au fond de ma mémoire.
Je vois un large escalier de pierre s’élevant entre des murs couverts de fresques. Tout en gravissant les degrés, l’on rencontre successivement un brahmine altier versant une offrande dans le feu sacré ; des moines bouddhistes vêtus de toges jaunes s’en allant quêter, bol en main, leur nourriture quotidienne ; un temple japonais posé sur un promontoire auquel conduit, par-delà un torii rouge, une allée bordée de cerisiers en fleur. D’autres figures, d’autres paysages de l’Asie sollicitent encore l’attention du pèlerin montant vers le mystère de l’Orient [...].
A droite, est une toute petite salle de lecture où les fervents de l’orientalisme s’absorbent en de studieuses recherches, oublieux de Paris dont les bruits heurtent en vain les murs du musée-temple, sans parvenir à troubler l’atmosphère de quiétude et de rêve qu’ils enclosent.
Dans cette petite chambre, des appels muets s’échappent des pages que l’on feuillette. L’Inde, la Chine, le Japon, tous les points de ce monde qui commence au-delà de Suez sollicitent les lecteurs... Des vocations naissent... la mienne y est née.
Tel était le musée Guimet quand j’avais vingt ans".
La femme n'est pas en infériorité, en passivité, en soumission dans l'amour. Elle est agissante et doit être libre comme l'homme.
NDL : bravo Alex (l'auteure ) ! C'est quand même dit en 1900, 3/4 de siècle avant Benoîte Groult.
Il n'est d'autres enfers ou d'autres paradis, point d'autres dieux protecteurs ou terribles que ceux que nous créons ; pas d'autres bénédictions que celle que nous nous conférons nous-mêmes.
Les steppes, les solitudes, les neiges éternelles, et le grand ciel clair de là-haut me hantent ! Les heures difficiles, la faim, le froid, le vent qui me tailladait la figure, me laissait les lèvres tuméfiées, énormes, sanglantes, les camps dans la neige, dormant dans la boue glacée et les haltes parmi la population crasseuse jusqu'à l’invraisemblance, la cupidité des villageois, tout cela importe peu, ces misères passaient vite et l'on restait perpétuellement immergé dans le silence où seul le vent chantait, dans les solitudes presque vides même de vie végétale, les chaos de roches fantastiques, les pics vertigineux et les horizons de lumière aveuglante. Pays qui semble appartenir à un autre monde, pays de Titans ou de Dieux. Je reste ensorcelée.
Le bonheur est en nous. Réjouissons-nous dans la pratique du bien, n'attachons de prix qu'à ce qui peut contribuer à notre élévation morale et nous trouverons la paix et le repos puisqu'il ne dépend que de nous de faire toujours le bien et que tout peut servir à notre perfectionnement.
Tout ce qui existe, tout ce qui se produit, est le fruit de causes entremêlées de mille façons...
La soupe ?... Sous quel nom pourrait-elle paraître sur une carte ? - Potage Vatel serait-il bien choisi ? - A tout hasard, je divulgue la recette. D'un sac à la mode locale la plus orthodoxe, c'est-à-dire noir à force d'être crasseux, j'extrais un tout petit morceau de lard séché, cadeau d'un fermier généreux. Mon jeune compagnon, le débite en une dizaine de menues pièces qu'il jette dans la marmite pleine d'eau bouillante, une pincée de sel ensuite, et un soupir : "Ah ! si nous avions un radis ou un navet !..." Mais ces friandises nous font défaut et les minuscules lamelles de lard à demi fondues dansent seules une gigue vivace dans le bouillon en ébullition - un liquide trouble dont l'odeur fade rappelle celle de l'eau de vaisselle. Maintenant, quelques poignées de farine délayée dans une tasse d'eau froide versées dans la marmite, et quelques minutes après, celle-ci est enlevée et posée à côté du feu. C'est le moment de se servir.
- La soupe est vraiment excellente, aujourd'hui...
- Délicieuse...
Mais en dépit de mon long séjour au Thibet, je garde encore un vague souvenir du goût de la cuisine française et j'ajoute :
- Les chiens de mon père n'auraient jamais voulu avaler un pareil brouet !
Très loin, parmi la silencieuse immensité blanche, un minuscule point noir se mouvait lentement semblable à un insecte lilliputien grimpant avec effort le long de l'énorme plateau incliné. Plus qu'aucun des nombreux sites grandioses et terrifiants que j'avais contemplés jusque là au "Pays des Neiges", ces glaciers géants et cette vaste étendue morne soulignaient la disproportion écrasante entre la fantastique région des hautes cimes et les chétifs voyageurs qui avaient oser s' y aventurer, seuls, au cœur même de l' hiver.