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Citation de Charybde2


L’Écuyère-des-vagues approchait d’une baie qui s’étalait comme une large morsure dans le rivage repoussé au loin. De là-bas, par intermittence, se dégageait une vague rumeur. Gayse, Butler et Sincright se tenaient près du bordé. L’équipage tirait les drisses et les bras de vergues, circulant d’un mât à l’autre.
La rive se déroulait en une sombre perspective de cheminées d’usines environnées de volutes de fumée noire. La ligne de côte, où façades maussades, aqueducs, ponts, grues, citernes et dépôts se serraient entre les rails de chemin de fer, évoquait une silhouette bizarre – tout ici était si noir de charbon et de suie. Le bruit des coups frappés contre le fer retentissait des quatre coins de l’horizon ; la trépidation des marteaux-pilons, les cigales des petits maillets, le hurlement perçant des scies, le tintement syncopé des chariots – pour qui n’en épelait pas les sons, tout ceci formait une seule clameur. Au milieu du rugissement des métaux qu’on martelait et coupait, des centaines de cheminées disparates déjetaient une vapeur fétide. Le long des môles couverts de dépôts et de constructions à l’aspect d’instruments de torture – tant de crochets et des chaînes ballaient parmi ces semblants de tours Eiffel – on voyait des péniches et des vapeurs, suant de la poussière du coke qu’on avait déchargé.
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