Seul dans la pièce, il s’installa sur une des quatre chaises sculptées en bois exotique. Son regard se posa sur un kakémono en papier suspendu au milieu du mur qui faisait face à la baie vitrée. Trois proverbes écrits avec une plume de calligraphie à l’encre noire y figuraient. Le premier était un proverbe basque : « En voulant tout avoir, on perd tout », le second, un proverbe japonais : « Un mot échappé ne peut se rattraper ». Le dernier était un proverbe latin : « Parlez peu, écoutez beaucoup, voyez tout et faites en sorte d'en profiter ».
Enéa était encore plus resplendissante qu’il ne l’avait imaginée. Sa silhouette élancée et légère dégageait une rare élégance. Ses longs cheveux noirs tombaient en cascade sur un chemisier en dentelle d’un bleu pastel velouté. Ce qui frappa le plus son attention, c’était l’expression chaleureuse de son visage. Ses yeux en amande d’un noir ébène roulaient des regards vifs et profonds qui pétillaient de gaîté. Elle donnait l’impression d’être habitéed’un sourire intérieur.
La plupart de ses nouvelles se déroulaient au Pays basque. Avant de se lancer dans l’écriture, il lisait, se documentait et partait parfois à l’improviste chercher des lieux, des personnages singuliers ou anodins susceptibles d’éveiller son imagination. Il était friand d’anecdotes, dont
certaines constituaient la trame de ses récits.
Les couleurs des maisons à colombages des quais Jauréguiberry et Galuperie lui semblaient encore plus éclatantes. Le blanc des façades apparaissait plus « cassé », plus « crème de lait ». Le rouge basque des boiseries était
plus « pourpre », le vert plus « sapin », le bleu plus « saphir ».
Dans ces trois couleurs emblématiques du drapeau basque, le rouge symbolise le peuple, la croix blanche la foi chrétienne et la croix verte de Saint André, de la même couleur que le chêne de Guernica, la loi garante des libertés et des institutions.
Le bleu luzien qui habille les ouvertures et les colombages des maisons du littoral invite à poursuivre un regard paisible vers l’océan pour observer la magie de ses
reflets.
Les nuances de rose ou d’orangé des frontons extérieurs dégagent une impression à la fois de douceur et de chaleur favorisant l’éveil des sens.
Les nuances de rose ou d’orangé des frontons extérieurs dégagent une impression à la fois de douceur et de chaleur favorisant l’éveil des sens.
Si le vert est une couleur reposante, harmonieuse, tonifiante, les élèves se rendirent compte qu’il pouvait être également porteur d'échec, d'infortune, d’inexpérience, de jalousie (cf. la célèbre citation du personnage de Yago dans l’Othello de Shakespeare : « Prenez garde, mon maître, à la jalousie. C’est un monstre aux yeux verts qui produit
l’aliment dont il se nourrit ! »).
Les plateaux de pintxos offraient un festival de couleurs à faire pâlir de jalousie les chefs basques. Des couleurs chaudes émergeaient comme le jaune des tortillas aux anchois, l’orange des magrets de canard à la sauce
abricot ou le rouge des txistorras (viande hachée de porc assaisonnée au piment d’Espelette).