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4.7/5 (sur 5 notes)

Nationalité : Russie
Biographie :

BIOGRAPHIE
Homme d’Église d’une envergure exceptionnelle Alexandre Schmemann (1921-1983) est né en Estonie d’une famille d’émigrés russes. Enfant, il vient s’installer avec sa famille à Paris. Après des études secondaires, il reçoit une formation théologique à l’Institut orthodoxe Saint-Serge à Paris. À la fin de ses études il y enseigne l’histoire ecclésiale. Ordonné prêtre en 1945, il est invité six ans plus tard à rejoindre le séminaire orthodoxe Saint-Vladimir aux États-Unis. À partir de 1962, il en assume la fonction de doyen. Il est également professeur adjoint à l’université Columbia, à l’Union Theological Seminary et au General Theological Seminary de New York.

Source : édition des syrtes
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Ce matin, après l'office du matin, longue conversation avec J.L., jeune étudiant, sur son amitié avec Ia.R., étudiant lui aussi, mais plus âgé. Comment parler de ce problème de toujours, comment mettre en garde ? Sur l'émotivité, le sentimentalisme, sur ces "amitiés" qui fleurissent sous le couvert doucereux de la phraséologie et de la sensualité religieuses et dans lesquelles on ressent déjà le vertige devant le précipice. Inspirer la peur de l'enfer ? Citer l'apôtre Paul ? Je sais que l'influence du recueillement, de la pureté, de la liberté intérieure est un dépassement "par le haut" de toutes les tentations, que si le combat est nécessaire, il n'est possible qu'au nom de quelque chose de très haut et sublime. (...) c'est précisément lorsque la joie fait place à quelque "fixation", quelque obsession désolée, quand l'homme se "ferme" à cela même par quoi tout en ce monde brille et resplendit. C'est alors que commence "la nuit sans lune du péché".

p. 175
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27 janvier 1975.
A Hartford j'ai terminé "Les cahiers de la petite dame" : sur la période communiste de Gide, son voyage en Russie, son désenchantement, etc. Une quintessence de la naïveté occidentale d'une part ("la pureté de Staline") et d'autre part une attirance "freudienne" pour "l'homme fort", le désir de se donner à un solide gaillard. Ainsi le culte en Occident de tous les Mao, Castro et avant eux, Staline n'est explicable qu'à partir de cette pathologie. Et puis toujours, au fond, la même déception : le gaillard sent trop fort - Gide fait machine arrière, saisi de peur. Et il y a cette autre chose, mille fois démontrée : la capacité des intellectuels occidentaux d'échafauder des arguments à partir de rien, à élaborer sur tous les sujets de savantes théories. Le champion en la matière, c'est Sartre. C'est une maladie fortement ancrée à l'Ouest : l'incapacité, le refus de voir la vérité, et même plus - la certitude qu'ils (les intellectuels occidentaux) connaissent le secret de l'approche objective de la réalité. Spirituellement, l'Occident ne peut pas ne pas périr ; sa perte est déjà consommée, et il se décompose.
p. 195
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Vendredi, 11 février 1976. EGALITE.
La culture contemporaine jette un lasso de principes sur notre conscience, sur notre expérience originelle : et ces principes, même s'ils semblent positifs, sont en réalité négatifs, ne découlent d'aucune expérience. "Tous les hommes sont égaux", voilà l'une des sources les plus trompeuses de tous les a priori. (...) On doit réfuter toute la culture contemporaine dans ses prémisses spirituelles erronées, voire démoniaques et, en particulier, le plus grand mensonge qui soit avec ce principe de la comparaison, fondement du pathos de l'égalité. On n'obtient jamais rien par la comparaison, elle est source du mal, c'est-à-dire de jalousie (pourquoi je ne suis pas comme lui), puis de méchanceté, et enfin de révolte et de division. A aucun de ces stades il n'y a le moindre point positif, tout est négatif du début à la fin. En ce sens, notre culture est démoniaque, car elle repose sur la comparaison. Et comme la comparaison débouche mathématiquement sur l'expérience de l'inégalité, elle conduit inéluctablement à la protestation. L'égalité s'affirme comme une interdiction absolue des différences : mais, dans la mesure où ces différences sont présentes, elle appelle à la lutte contre ces dernières, à une égalisation sans merci et, pire encore, à leur négation en tant qu'essence même de l'existence. La personne, homme ou femme peu importe, qui aspire à l'égalité est déjà, au fond, vidée de son être : elle est impersonnelle, car l'élément personnel en elle constituait justement ce qui la différenciait d'autrui et qui n'était pas inféodé à la loi absurde de l'égalité.

Au principe démoniaque de l'égalité, le christianisme oppose l'amour, dont l'essence est justement dans l'absence totale de comparaison. C'est pour cette raison qu'il n'y a pas et ne peut y avoir au monde d'égalité, car le monde est engendré par l'amour et non par des principes. Aussi a-t-il soif d'amour et non d'égalité. Rien, nous le savons, n'anéantit autant l'amour, le lui substitue autant de haine que, précisément, cette égalité, constamment imposée au monde, comme but et comme valeur.

Or c'est dans l'amour, et dans lui seul, qu'est enracinée la dualité de l'être, en tant qu'homme et femme. Ce n'est pas une erreur, un préjudice, un accident, que l'humanité corrigera par l'égalité - c'est l'expression primordiale, ontologique de l'essence même de la vie. (...) Tout cela signifie donc qu'il n'existe aucune égalité, mais qu'il y a une différence ontologique, qui rend possible l'amour, c'est-à-dire l'unité et non l'égalité. L'égalité présuppose la multiplicité d'égaux, et cette mutiplicité n'est jamais transmuable en unité, car tout le fondement de l'égalité réside dans la protection zélée qui lui est accordée. Dans l'unité, la différence n'est pas anéantie mais devient elle-même unité, vie, acte créateur ...
La principes masculin et féminin sont co-naturels au monde, mais seul l'homme les transmue en famille. La culture nourrit de la haine envers la famille, parce que celle-ci démasque le mal induit par l'égalité.
pp. 330-331
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Mardi, 10 mai 1977.
On pourrait dresser à partir d'eux [deux jeunes gens rencontrés chez des amis] le diagnostic clinique de l'enfant du siècle. Je pense qu'on pourrait en particulier y faire entrer toutes les principales caractéristiques suivantes :
1. Un narcissisme sans bornes, une préoccupation de sa propre personne, de son moi, une attention excessive attribuée à chacune de ses pensées.
2. La certitude que cet égocentrisme coïncide avec "l'amour", dont sont dépourvus, selon eux, tous les autres, et qui, d'une manière inexplicable, représente la religion "authentique".
3. La négation (malgré une ignorance totale) de la tradition, de la culture, de l'héritage, de l'appartenance, de la responsabilité, etc. Une négation a priori, fondée sur le mépris. Un refus total d'essayer même de connaître ce que l'on nie... Une négation enracinée dans cette idée subconsciente que chercher à savoir est une limitation de la liberté, ce qui est du narcissisme.
4. L'admiration de soi, et, à cet effet, un choix de valeurs pseudo-absolues : le végétarisme, la négation des diplômes, l'idée même de travail en vue d'un gain, la moralisation de tous ceux qui ne connaissent pas ces notion pseudo-absolues. Ou en d'autres termes un sentiment de supériorité à peu de frais...
5. Le choix en guise d'autorité de quelque chose d'absolument marginal par rapport à la tradition dominante, que ce soit dans le domaine de la culture ou de la religion ; une sélection de je ne sais quels opuscules remarquables, (ou plus exactement d'un seul opuscule, car l'énergie fait défaut pour lire davantage) qui aurait le mérite de proposer un raccourci (short cut) vers la Vérité, la perception, la connaissance, le bonheur ...
6. Un sentiment d'avoir une mission à l'égard des parents qui "ne comprennent rien" à tout cela, accompagné d'une totale insensibilité : absence de pitié, d'admiration, de compassion, etc. "Nous voulons les sauver", signifie "nous les aimons".
(...)
C'est un antichristianisme, qui de plus arrive à dissimuler cette forme anti- à cause de son emploi permanent du mot "amour". .. Si l'on traduit cette description dans le langage du bon sens (qui coïncide au fond avec l'appréciation spirituelle), cela donne : paresse, orgueil, leurre, autojustification, égoïsme.
pp. 491-492
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mardi, 19 février 1974.
C'est une chose étonnante, mais presque tous ceux que j'ai connus pour être des chercheurs de "spiritualité" ont toujours été des gens étroits, intolérants et ennuyeux, sans joie et en plus toujours en train d'accuser tout le monde de manquer de "spiritualité". Et c'était toujours eux-mêmes qui étaient au centre ; pas le Christ, pas l'Evangile, pas Dieu. En leur présence, on ne s'épanouit pas ; au contraire, on se recroqueville spirituellement. Orgueil et égocentrisme, contentement de soi et étroitesse, mais alors à quoi bon cette "spiritualité" tant vantée ?

p. 100
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(CONVERSION DE CONSTANTIN) On ne peut apprécier correctement la réussite ou l'insuccès de Byzance, ses erreurs comme ses accomplissements, si l'on ne tient pas compte de la manière dont le Christianisme était vécu à cette époque : à savoir, avant tout, comme la victoire cosmique du Christ sur le "prince de ce monde". ... En lui [Constantin] l'état, qui avait été jusqu'alors l'instrument principal de la haine du démon envers l'église, s'était incliné devant le Christ. Par cela même, l'état recouvrait toute la valeur positive que les chrétiens, depuis saint Paul, ne lui avaient jamais déniée. On comprend dès lors que l'idée d'une neutralité de l'état en matière de religion ait été tout aussi étrangère aux orthodoxes qu'aux hérétiques de cette époque, comme leur état étranger le "cléricalisme", c'est-à-dire la subordination de l'état à l'église, telle qu'elle apparut plus tard en Occident. Dans la conception orientale, l'église embrasse le monde tout entier : elle est son essence intime, sa mesure : source de grâce, et non pouvoir, ni même source de pouvoir. Ce dernier est accordé aux empereurs et aux gouvernants ; et s'ils doivent prendre pour critère la vérité de l'église, ce n'est pas d'elle qu'ils tiennent leur pouvoir.

p. 141
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Mercredi, 5 mai 1982.
On nous montre depuis plusieurs jours à la télévision le spectacle des manifestations de rues en Pologne - des centaines de milliers de gens qui /refusent/ d'être des esclaves. La chose paraît simple et claire. Mais non, les socialistes occidentaux, toujours eux, vont nous redire que, là-bas aussi, le salut est dans le socialisme. Et, pourtant, n'est-il pas évident qu'au premier contact /réel/ avec lui la nature même de l'homme le vomit et qu'on ne peut donc l'imposer /que par la force/ ? La plus détestable des "propriétés" n'est-elle pas plus proche du dessein de Dieu pour l'homme que cette venimeuse égalité ? La propriété, c'est ce que Dieu m'a donné (et dont j'use le plus souvent très mal, à mon profit et en commettant le péché), tandis que l'égalité, c'est ce que me donnent le gouvernement, la société, etc. Or; ils donnent /ce qui ne leur appartient pas/. L'égalité vient du démon car elle est tout entière générée par l'envie, qui est l'essence même du diable. Que peut vouloir dire "le droit à l'égalité" ? Et personne ne se bat avec plus d'âpreté pour obtenir des grades, des titres, des bureaux que les partisans de l'égalité. Comment peut-on ne pas voir cela, ne pas le reconnaître ?
p. 838
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Pour moi, le mal réside avant tout dans l'idéologie, dans son inévitable réductionnisme et dans sa tendance fatale à identifier toute autre idéologie avec le mal et à s'identifier elle-même avec le bien et la vérité, alors que la Vérité et le Bien sont toujours "transcendantaux". L'idéologie est toujours idolâtrie, c'est la raison pour laquelle toute idéologie est mal et engendre des malfaiteurs ... J'ai accueilli en Soljenitsyne la libération de cet idéologisme qui a empoisonné la conscience russe et le monde entier. Mais je commence à avoir l'impression que quelque chose l'incline, l'attire irrésistiblement à cristalliser sa propre idéologie (aussi bien anti- que pro-). Serait-ce le lot des écrivains russes ? (Gogol, Dostoïevski, Tolstoï ...) Eternel décalage chez eux entre l'intuition créatrice, le coeur - et la raison, la conscience ? Tentation de l'endoctrinement et pas seulement du prophétisme, dont la force est de n'être pas "didactique" ? Un météore qui se refroidit et se pétrifie en descendant dans l'atmosphère, dans les "basses couches" ? Je ne sais pas, mais j'ai un pincement de coeur, et j'ai peur pour ce don incontestable, bouleversant...
p. 165
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Lundi, 9 juin 1980.
Quelqu'un a écrit un article intelligent sur la révolution en Iran : l'Occident n'a pas compris la dimension religieuse des événements, il s'est obstiné à croire que tout allait s'arranger : la démocratie, le socialisme, "le visage humain", etc. En fait, à la racine, il y a l'islam avec son totalitarisme et même son cléricalisme. Une théocratie. Toute l'affaire est là. Le libéralisme occidental nie le conflit, car il nie avant tout la Vérité, la possibilité même qu'il existe une vérité. On peut s'entendre sur tout, se comprendre l'un l'autre. Or, dans le monde s'affrontent des théocraties, des absolus, et l'erreur tragique de l'Occident réside dans sa conception de la liberté comme un affranchissement de l'absolu. Le paradoxe de la liberté (chrétienne) est qu'elle est issue de la Vérité : "Vous connaîtrez la Vérité et elle vous rendra libres." (Jean 8-32). L'homme, lui, voudrait mettre à égalité la vérité et le mensonge, et c'est exactement ce que lui enseigne l'Occident. Et c'est pourquoi l'Occident pourrit, et le mensonge triomphe.

p. 705
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Samedi, 6 octobre 1979. (Visite de Jean-Paul II à New York).
Le pape continue de s'exprimer : hier il a parlé contre l"homosexualité.... D'où un nouveau diapason dans la presse : le pape n'a pas compris le "pluralisme" de l'Amérique. Moi-même, dans l'avion qui m'amenait ici pour une rencontre avec le pape (demain matin), je réfléchissais à ce fameux pluralisme qui, de par sa nature, rejette (ne peut pas ne pas rejeter) la notion de /vérité/. Le pluralisme, c'est l'affirmation a priori que sur tous les sujets il existe des points de vue différents et, de plus en plus, le principe constitutif du pluralisme, c'est de dire qu'a priori également il n'est pas nécessaire, il ne faut pas en débattre : ces points de vue existent, et tout est dit. Il faut les respecter et, dans la mesure du possible, les partager. Le pauvre pape n'a pas compris cela ! Bêtise insondable de toute cette rhétorique...
p. 637
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