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EAN : 9782070637232
400 pages
Gallimard Jeunesse (20/01/2011)
3.99/5   1937 notes
Résumé :
Tout commence sur une route de campagne...
Après avoir reçu un message de sa soeur, disparue depuis un an, Anne se lance à sa recherche et... passe de "l'autre côté". Elle se retrouve dans un monde parallèle, un ailleurs dépourvu d'humanité, mais où elle rencontrera cependant des alliés inoubliables. Pour arracher sa soeur à ce monde terrifiant, Anne ira jusqu'au bout, au péril de sa vie.
Et se découvrira elle-même: Terrienne
Vous ne respirerez ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (467) Voir plus Ajouter une critique
3,99

sur 1937 notes
Terrienne je suis, Terrienne je resterai ! Surtout après avoir lu le beau roman de Jean-Claude Mourlevat !

Celui-ci nous fait « goûter » à un univers complètement aseptisé, sans odeur, sans relief, sans musique, sans sentiments. Enfin, « goûter » serait plutôt un mot inadéquat, puisque dans ce monde, le plaisir n'existe pas. Les habitants y meurent, littéralement, d'ennui aux alentours de cinquante ans : ils s'asseyent, se laissent glisser, se laissent mourir. Ils ne respirent pas, non plus, et de leur cage thoracique creuse ne peut s'échapper qu'une voix métallique.

C'est dans cet univers cauchemardesque, accessible par une certaine route cachée au détour d'un carrefour, qu'Anne va s'aventurer : sa soeur a été capturée par un de ses habitants en mission sur la Terre pour servir de « compagne » à un Grand. Elle découvrira heureusement que tous ces gens ne sont pas pareils...

Je recommande ce roman à tous ceux qui se plaignent de la vie que nous menons, du bruit, de la saleté, des chiens qui aboient, des voisins qui se disputent, de la pluie, du froid, de.., de..., de....
Je recommande particulièrement ce roman aux ados qui trainent leur ennui sur les bancs de l'école, qui s'enferment dans leur chambre, qui râlent sur tout, et je suis absolument certaine que cette lecture leur fera aimer la vie, leur fera goûter à tout ce qu'elle offre.
Ils se rendront compte, comme moi, que vivre est une chose merveilleuse, que voir, sentir, entendre, goûter, aimer, détester, se disputer, se réconcilier, s'émouvoir, trembler, rire et pleurer, naître et vieillir nous rend profondément humains et nous relie les uns aux autres.

« Vous ne respirerez plus jamais de la même manière », est-il dit sur la quatrième de couverture. Je peux vous garantir que c'est tout à fait vrai !
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Un lieu-dit. Un carrefour. A droite, une petite route de campagne qui se perd dans la brume, et au-delà, si l'on continue son chemin, l'hôtel « Légende » : la porte de « l'ailleurs » qui s'entrouvre, et le paysage soudainement avalé, remplacé par un autre…

Le monde qu'on y découvre est oppressant. Un monde propre, immaculé. Un ciel figé. Un silence qui va au-delà du mortel. Un monde sans couleurs, sans odeurs, et sans rondeurs : tout y est droit, net, carré, et d'un gris terne… Un monde tellement étouffant que l'on peine à y respirer ! D'ailleurs, ses habitants, propres, parfaits, pétrifiés, désincarnés, interchangeables, commutables, permutables, et jetables, ne respirent plus...
Le rêve pour l'apprenti dictateur et son homme nouveau. Remarquez ! Ce n'est pas dans ce monde qu'on se choperait le covid19… Pour eux, la Terre n'est d'ailleurs qu'un monde de légende absolument repoussant, bruyant, infernal, infecté et grouillant de virus…

Pour essayer de retrouver sa soeur Gabrielle, disparue corps et âme, Anne Collodi va entrer dans ce monde avec son iPod, ses baskets, son nez qui coule et ses idées toutes faîtes. Dans cette enquête périlleuse, elle sera aidée et soutenue par des hommes et des femmes des deux mondes, des marginaux, des fureteurs, des amputés du coeur.
Anne va y mettre un brin de tous les diables, et c'est très bien ainsi.

Quel beau roman. Vif, alerte, captivant… On découvre en même temps que les personnages cet environnement tellement angoissant… On aurait fait les mêmes erreurs qu'eux, on aurait eu les mêmes appréhensions…

Décidément ! la pureté et la perfection sont bien d'une tristesse sans nom…






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En ce début d'automne, Étienne Virgil, bien qu'il ne le faisait jamais, avait pris en auto-stop cette jeune fille, tout de noir vêtue. Peut-être parce qu'elle lui faisait penser à sa petite-fille. Elle s'appelait Anne Collodi et voulait aller sur Montbrison. Mais avant d'atteindre le village, elle lui avait demandé de s'arrêter avant, au niveau du panneau qui indiquait: "Campagne 3,5". Anne était à la recherche de sa soeur, Gabrielle, qui a disparu le jour de son mariage. C'était il y a un an. Anne était sans nouvelle d'elle... jusqu'à la semaine dernière où elle l'a entendu à travers la radio. Pour pouvoir la retrouver et la ramener chez elle, la jeune fille devra passer de l'autre côté, dans un monde aseptisé, contrôlé, dépourvu de toute trace humaine et où tout est programmé...

Jean-Claude Mourlevat nous emmène vers un ailleurs, de l'autre côté, en compagnie d'Anne partie à la recherche de sa soeur. Voyage ô combien bouleversant, parfois terrifiant. Une aventure passionnante de bout en bout tant le rythme est rondement mené, l'ambiance stressante, "l'autre côté" à la fois fascinant et angoissant et les personnages attachants et profonds. Ce roman, remarquablement maîtrisé et qui nous prend à bras le corps dès les premières pages, s'adresse aussi bien aux adolescents qu'aux adultes de par ses thèmes abordés et son écriture déliée et vivante.
Véritable déclaration d'amour à notre Terre, aussi belle et imparfaite soit-elle. Ode au vent sifflant, à la pluie, à l'odeur des prés ou des pains au chocolat, à nos rires et nos larmes, à nos émotions et nos emportements. Hymne à la vie...
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S'asseoir peu importe où et quand : et attendre qu'on vienne vous chercher pour vous débarrasser du fardeau de vivre. Cela se passe ainsi dans la société que nous présente Jean-Claude Mourlevat dans Terrienne. l'ennui, le désespoir, le désoeuvrement d'une vie aseptisée, morne et programmée, sans illusions, imprévus, uniforme tel la ligne d'un encéphalogramme plat. Ça, c'est la vie des gens de là-bas ! Enfin, des petites gens ordinaires...

Car pour l'élite de ce monde-là, il n'en va pas de même. La distraction suprême est de franchir l'interdit, briser le tabou ultime :

La main posée sur une poitrine aux abois : un souffle par procuration.
La capsule verte croquée pour tout oublier : un salut par nécessité.
Le sel des larmes bues au bord des yeux : une saveur inconnue sur la langue.
Le ventre arrondi par le viol et la contrainte : une condamnation à mort sur le champ.

Parce que dans ce monde-là, univers parallèle en marge de notre bonne vieille terre, on ne pleure ni ne rit, ne respire ni ne soupire, n'enfante ni ne jouit. Les sensations corporelles sont une aberration, écoeurantes à vomir. Seuls quelques hybrides mâles, sont autorisés à avoir accès à cette sensorialité. Leur fonction est toute trouvée dans cette société :

Et au milieu de tout cela : soeur Anne, qui se débat et s'accroche aux traces laissées par Gabrielle, son aînée perdue dans ce monde de fous. Elle sera aidée dans cette quête par un vieil écrivain en désespérance, une réceptionniste, sympathisante terrienne et... je vous laisse découvrir la suite.

J'ai ressentie cette angoisse, cette crainte distillées par l'auteur et j'avoue avoir eu le coeur serré d'émotions à la fin :

Si c'est l'action effrénée qui vous pousse, vous motive dans le choix de vos lectures, Terrienne ne sera pas une évidence pour vous, ni un premier choix. Et pourtant, je ne peux que vous encourager à le lire. Tout au long de ce livre, court une tension qui ne nous fait le lâcher qu'à la lecture du dernier mot … Pour mieux repartir de nouveau !
Lien : http://page39.eklablog.com/t..
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J'avais beaucoup aimé les précédents livres de Jean-Claude Mourlevat mais celui-là m'a paru meilleur que les précédents, plus abouti. Difficile d'oublier les protagonistes de cette histoire. Et le monde parallèle dans lequel pénètre Anne pour rechercher sa soeur, s'il est effrayant, n'est malheureusement pas, par certains aspects et l'évolution que l'on peut craindre, éloigné du nôtre. En cela, ce livre apporte beaucoup. Terrienne nous montre la face noire que notre monde pourrait prendre et nous crie de préserver notre monde d'en aimer le moindre brin d'herbe, le moindre souffle, de préserver la vie et sa magnifique variété !.
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Citations et extraits (176) Voir plus Ajouter une citation
Je suis amoureuse de cette Terre sur laquelle j'ai mes pieds. Je l'aime avec tous ses défauts, toutes ses tares. Je l'aime à cause de ça. J'aime le trop froid et le trop chaud, la pluie, la boue, les embouteillages, les examens ratés, les cartes postales moches, les mensonges, les larmes, les blessures et la mort. J'aime ce qui manque et ce qui dépasse, j'aime le trop et le pas assez, je veux me brûler aux orties et aux casseroles, ça ne me dérange pas, je veux bien égarer mes clés, avoir mal à la tête, être trompée (pas par Bran), être bousculée. Mais je prends aussi les bonnes choses. Je veux être caressée, je veux manger des banana split, je veux écouter de la bonne musique, recevoir des lettres, voir naître des bébés, faire la sieste, aller à Venise... je veux faire entrer l'air dans mes poumons, ... je veux respirer.
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C'était le rituel, une fois par semaine, le mercredi, et ça a duré des années. Il nous faisait toujours ses spaghettis bolognaise et nous ne voulions rien d'autre. Il posait la casserole fumante et odorante sur un journal plié en deux au milieu de la toile cirée de la table et il nous disait : "Mangiate !" Dans la pièce voisine, ma mémé Chiara, qui commençait à perdre la tête, répétait sans fin la même question : "Marcello, chi c'è ? " Marcello, qui est là ? A quoi il finissait par répondre : "Sono le tue nipoti", c'est tes petites-filles. Alors elle se taisait pour un moment avant de recommencer : "Marcello, chi c'è ? " Comme dessert, nous avions toujours une boîte de crème Mont-Blanc, praliné, vanille ou chocolat, qu'il nous servait dans des bols. Il nous forçait à la finir. Il était heureux de nous avoir et de nous faire plaisir, une fois par semaine. Mais c'est lui qui est parti le premier. Mémé Chiara est toujours en vie, dans sa maison de retraite, et elle continue à demander "Marcello, chi c'è ? " toutes les quinze secondes environ. La vie est mal fichue.
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Je suis amoureuse de cette Terre sur laquelle j'ai mes pieds. Je l'aime avec tous ses défauts, toutes ses tares. Je l'aime à cause de ça. J'aime le trop froid et le trop chaud, la pluie, la boue, les embouteillages, les examens ratés, les cartes postales moches, les mensonges, les larmes, les blessures et la mort. J'aime ce qui manque et ce qui dépasse, j'aime le trop et le pas assez, je veux me brûler aux orties et aux casseroles, ça ne me dérange pas, je veux bien égarer mes clés, avoir mal à la tête, être trompée (pas par Bran), être bousculée. Mais je prends aussi les bonnes choses. Je veux être caressée, je veux manger des banana split, je veux écouter de la bonne musique, recevoir des lettres, voir naître des bébés, faire la sieste, aller à Venise... je veux faire entrer l'air dans mes poumons, ... je veux respirer.
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- Pourquoi m’as-tu appelé ? reprit-il. Je suis vieux. Je ne sais rien faire. Tu ne me connais pas. Nous faisons un couple d’aventuriers complètement à côté de la plaque, tous les deux. Je suis sûr qu’il y avait dans ton entourage au moins cinquante personnes plus compétentes que moi.
- Peut-être.
- Alors ?
- Alors je sais pas… J’ai eu l’intuition que…
- Que quoi ?
- Que vous feriez l’affaire. Que vous seriez la bonne personne. Je vous ai trouvé l’air un peu perdu, dans la voiture. Mais l’air sage aussi. C’était un drôle de mélange. Et puis, votre métier. Je me suis dit que vous seriez peut-être plus familier avec ces choses peu ordinaires.
- J’avais l’air tellement perdu ? demande-t-il.
- Oui. Un peu.
- Ah, bon.
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- M. Virgil ?
- Oui.
- Si nous étions dans un de vos romans, que se passerait-il maintenant ?
[…]
Il ne réfléchit pas longtemps.
[…]
- Je suppose qu’il se passerait quelque chose d'inattendu, quelque chose que personne n'aurait pu prévoir : ni les deux héros, ni le lecteur, ni même l'auteur. Personne.
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Videos de Jean-Claude Mourlevat (40) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Claude Mourlevat
Chaque mois, un grand nom de la littérature française contemporaine est invité par la BnF, le Centre national du livre et France Culture à parler de sa pratique de l'écriture. L'auteur Jean-Claude Mourlevat est à l'honneur de cette nouvelle séance.
Cette vidéo ne sera accessible que durant la durée de la conférence.
Né en 1964, Emmanuel Guibert fréquente les Arts Déco de Paris. En 1994, il fait deux rencontres importantes ; celle d'Alan Ingram Cope, un ancien soldat de la Seconde Guerre mondiale, retraité sur l'île de Ré, et celle de David B, qui l'introduit dans un cercle de jeunes auteurs cherchant à renouveler les pratiques de la bande dessinée. Il rejoint un atelier collectif que fréquentent Joann Sfar, Christophe Blain, Emile Bravo, Marjane Satrapi et bien d'autres, où il travaille pendant cinq ans. Sa collaboration avec la maison d'édition l'Association marque une évolution vers un style épuré au service des récits vécus de son ami Alan Cope. Dans cette série biographique, toujours en cours, on trouve La guerre d'Alan (3 volumes), L'enfance d'Alan et Martha & Alan. Il poursuit dans cette veine avec le Photographe (chez Dupuis), d'après des entretiens avec Didier Lefèvre, reporter-photographe en Afghanistan dans les années 1980. Cette trilogie, traduite en 20 langues, vaut à ses auteurs (Guibert-Lefèvre-Lemercier) des récompenses dans le monde entier. Puis il crée plusieurs séries ou albums uniques, notamment Sardine de l'espace (14 volumes) et Les Olives noires (3 volumes). Avec Marc Boutavant, autre camarade rencontré à l'atelier, il lance la série Ariol, chez Bayard, qui totalise à ce jour 20 volumes traduits en de nombreuses langues. Il crée également des chansons en partenariat avec le guitariste Dominique Cravic. Son intérêt pour la musique de jazz lui fait élaborer, avec le graphiste et producteur Philippe Ghielmetti, toutes les pochettes du label Vision Fugitive. En 2007, il est lauréat de la Villa Kujoyama. de cette récompense naîtra l'album Japonais en 2008, recueils de peintures, dessins et nouvelles. Avec un collectif d'amis auteurs, il visite des grottes préhistoriques ornées en France. de cette expérience naissent le volume collectif Rupestres chez Futuropolis et la réalisation de fresques pariétales dans une grotte du Parc Régional des Causses du Quercy. En 2017, il est lauréat du prix René Goscinny pour l'ensemble de son oeuvre de scénariste au festival d'Angoulême. Il mène depuis quinze ans une activité discontinue mais fidèle de visiteur hospitalier et a rejoint Christine Géricot à l'association Sur un lit de couleurs, qu'il vice-préside. Cette association installe et supervise des ateliers d'arts plastiques animés par des enseignants dans les hôpitaux en France. Emmanuel Guibert a reçu le Grand Prix de la ville d'Angoulême lors du Festival international de la bande dessinée en 2020.
Animés par des producteurs et productrices de France Culture, les entretiens du cycle « En lisant, en écrivant » sont réalisés en public à la BnF, puis diffusés dans la grille d'été de France Culture et disponibles en podcast. Genèse des oeuvres, sources d'inspiration, aléas de la vie quotidienne d'un auteur ou d'une autrice, édition et réception des textes – autant de sujets que ces rencontres permettent d'aborder, au plus près de la création littéraire.
Rencontre animée par Arnaud Laporte, producteur chez France Culture
En savoir plus sur les Master classes : https://www.bnf.fr/fr/agenda/masterclasses-en-lisant-en-ecrivant
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