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Citation de aleatoire


Sans compter que chaque instant change une absence légèrement différente, parfois contradictoire ; comme le rose passe au vert sur un nuage ou sur une moire.
Ce n’est pas une absence immobile : c’est une absence mouvante, nacrée, frémissante comme une peau de cheval. Le temps se perd et mue à chaque seconde. Quelle est la couleur du temps perdu ?
Je l’ai retrouvé sur un mur blanc, à l’Orangerie, dans un tableau étonnant d’Utrillo qui représente La maison de Berlioz, et où ce mur occupe les deux tiers de la toile, presque oriental (en plein Montmartre) à force d’être blanc sur le ciel.
Mais d’un blanc si divers, bien qu’insensiblement, qu’on sent qu’il a capté toutes les nuances de l’heure. Et qu’il les ressuscite. Rien ne saurait les décrire. Personne. Du moins pas moi. Peut-être Colette, peut-être Proust, peut-être Chardonne.
C’est réellement un mur couleur du temps perdu.
(… ) Le temps perdu a tellement de couleurs, il bouge tellement qu’il défie le photographe. Le temps perdu ne se rattrape jamais.
Sauf, peut-être, sur ce mur d’Utrillo où le blanc joue avec le blanc, comme à cache-cache, et qui survit à tant d’images plus importantes, et qui est couleur du temps perdu, nous le sentons bien.
Chronique du désespoir du peintre - La Montagne – 22 mars 1966)
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